« Que pensez-vous de la Tunisie ? »

Publié le 7 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Un étranger qui débarque en Tunisie a une chance sur deux de s’entendre poser cette question : « Que pensez-vous de la Tunisie ? ». C’est, en tout cas, la première interrogation qu’adressent généralement les journalistes à toute personnalité étrangère qui pose le pied dans leur pays ou qui s’apprête à le quitter. Certains hôtes bafouillent des amabilités. D’autres avouent sincèrement avoir été surpris par un pays ouvert, aux moeurs très occidentalisées et où tout semble fonctionner relativement bien.
Certains, qui comparent la Tunisie à d’autres pays arabes et musulmans qu’ils ont déjà visités, s’étonnent que les habitants aient pu trouver un équilibre aussi parfait entre la religion islamique, fortement présente dans de nombreux aspects de la vie quotidienne (prière du vendredi, appel à la prière à la télévision, jeûne du mois de ramadan, etc.), et son ouverture sur la modernité occidentale. Comme la Turquie, le Maroc, la Jordanie ou la Malaisie, la Tunisie apporte, en effet, la preuve que la religion n’est pas un frein au développement et qu’elle n’est pas incompatible avec une nécessaire ouverture sur le monde.
C’est là, en tout cas, l’une des réussites de ce pays qui, dès le XIXe siècle, presque au même temps que le Japon des Meiji, a commencé à se doter des instruments du progrès politique (notamment une Constitution moderne), culturel (écoles scientifiques, imprimeries, journaux), économique (création des premières usines mécanisées) et social (abolition de l’esclavage avant même certains pays européens).
L’émancipation des femmes (dont les prémices remontent aux années 1930 avec la sortie d’une université française de la première femme médecin musulmane), la généralisation de l’enseignement, l’adoption de lois et de mesures sociales avant-gardistes instaurant l’égalité des sexes et la mise en place d’un système économique ouvert sur l’extérieur et fortement amarré à l’Europe ont permis à ce petit pays de 10 millions d’habitants d’accélérer son développement et de s’inscrire dans une dynamique irréversible de progrès.

Si les Tunisiens aiment se mirer dans le regard des visiteurs étrangers et ils en accueillent plus de 5 millions chaque année grâce à une activité touristique florissante -, c’est sans doute pour mesurer, à travers leurs appréciations, la justesse de leurs choix et s’assurer que la voie qu’ils ont choisie est bien la bonne. Ils sont comme ces bons élèves qui s’appliquent à l’ouvrage, mais qui ont constamment besoin qu’on les rassure et les encourage à persévérer. Et parce qu’ils sont justement sur la bonne voie et qu’ils sont capables d’aller encore plus loin, ils devraient peut-être apprendre à ne pas trop se vexer lorsqu’on leur montre certaines de leurs carences – et ils n’en ont pas plus ni moins que tous les autres peuples – et à admettre que la critique, même lorsqu’elle est injustifiée, les aidera à progresser. Sans doute beaucoup plus que la louange flatteuse, surtout lorsqu’elle est intéressée.

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