La Turquie, une chance pour l’Europe !

Publié le 7 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

De par l’histoire, les Turcs sont européens autant qu’ils sont asiatiques. Aux XVIIIe et XIXe siècles, la majorité de la superficie de l’Empire ottoman se situait en Europe. Le pays sert de verrou entre la Méditerranée et la mer Noire et de trait d’union entre l’Europe et le Moyen-Orient. Chypre, membre de l’Union européenne depuis cette année, est par exemple beaucoup plus éloignée que la Turquie (par sa latitude).
L’Europe a besoin de la Turquie pour des raisons géopolitiques. Sa présence au sein de l’Union permettra d’étendre le territoire européen vers le Sud-Est, de contrôler l’accès à la mer Noire et donc aux ressources de cette région convoitées par les Américains.
La religion, la Turquie étant musulmane à 95 %, est souvent un argument pour ceux opposés à l’entrée de la Turquie dans l’U.E. Est-ce à dire qu’un pays à majorité musulmane n’est pas européen ? L’Espagne a longtemps compté plusieurs millions de musulmans. En Albanie ou en Bosnie, les musulmans sont majoritaires et personne ne remet en question leur « européanité » !
Ce qui importe n’est pas la religion en tant que telle mais sa place dans l’État. La Turquie est une République laïque où la religion est séparée de l’État, comme en France. La population se définit d’abord comme turque et après comme musulmane, et non l’inverse. Le gouvernement a beau être issu d’un parti islamiste modéré, il n’a remis en question aucun des principes de laïcité et de liberté religieuse. Un parti islamiste au pouvoir en Turquie n’est pas plus un problème qu’un parti démocrate-chrétien en Pologne !
Enfin, la démographie de la Turquie est un avantage pour l’Europe. Son taux de natalité légèrement supérieur à ceux des autres pays européens pourrait contribuer au rajeunissement de la population. Les 60 millions de Turcs augmenteraient la population de l’Union de 15 %, ce qui ne serait pas de trop pour rivaliser numériquement avec les États-Unis, à défaut de pouvoir se mesurer à l’Inde ou à la Chine…
Les Turcs ont depuis longtemps compris leur intérêt à faire partie de l’U.E. Aux Européens de comprendre l’intérêt d’avoir la Turquie près d’eux et de ne pas la laisser tomber aux mains des Américains.
Bien sûr, il reste des progrès à faire. L’armée serait trop puissante, la police violente, la classe politique corrompue… Que d’arguments réchauffés ! Ne soyons pas amnésiques. L’adhésion de la Turquie aura lieu dans dix ans au mieux ; dans quel état se trouvaient l’Espagne, le Portugal ou la Grèce dix ans avant leur adhésion ? Ils étaient sous la coupe de régimes militaires sanglants, et dans un état économique bien pire que celui de la Turquie actuellement. Pourtant, ils se sont débarrassés de leurs démons et sont devenus des élèves modèles. Alors pourquoi pas la Turquie ?

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