Islamophobie

Publié le 7 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Les responsables de la communication du Pentagone et du département d’État ont réalisé des spots télévisés et des encarts publicitaires pour expliquer que l’islam et les musulmans n’ont jamais été autant respectés qu’aux États-Unis. Cela a peut-être été vrai : les musulmans qui ont émigré dans ce pays au cours du siècle dernier ont eu moins de difficultés à s’intégrer dans la société américaine que leurs coreligionnaires partis en Europe. Mais cela ne l’est plus depuis l’arrivée de George W. Bush à la Maison Blanche. Aussi la plupart des chaînes de télévision et des journaux musulmans ont-ils refusé de diffuser ces spots et ces encarts, certains par décence intellectuelle, d’autres pour éviter de choquer leur opinion publique, qui pense que l’Amérique n’est plus un paradis mais un enfer d’islamophobie.
Aujourd’hui, de Marrakech à Karachi, les adeptes de Mohammed sont persuadés qu’ils n’ont jamais été autant humiliés aux États-Unis – et par les États-Unis. Et ils n’ont pas tort. Car depuis l’arrivée au pouvoir de Bush et de ses mentors néoconservateurs et chrétiens sionistes, la politique de Washington vis-à-vis des musulmans est marquée d’une aversion qui ne s’encombre même plus de précautions de style. Chaque fois que le locataire de la Maison Blanche parle des musulmans, les mots qui viennent naturellement dans sa bouche sont « croisade », « axe du Mal », « haine de la liberté »…
Interrogez les milliers de musulmans qui ont été jetés dans les prisons américaines, sans charge et sans jugement, depuis le 11 septembre 2001… Interrogez les milliers de jeunes brillants étudiants musulmans qui se sont vu refuser, ces trois dernières années, des visas… Interrogez les Palestiniens, les Afghans, les Irakiens, les Syriens, les Iraniens, les Libanais, et surtout ceux d’entre eux qui ont perdu des êtres chers, victimes des menées impériales américaines… Et ils vous en diront long sur le genre de « respect » que l’Amérique actuelle réserve à l’islam et aux musulmans.
Pourtant, le candidat républicain à la présidentielle doit sa gloire actuelle – de « président de guerre » et de chef d’état-major autoproclamé de la « guerre contre le terrorisme » – à un… musulman, fondamentaliste comme lui, en rupture avec la majorité de ses coreligionnaires, trop « américanisés » à son goût, qui a longtemps loué ses services à la CIA, et dont le frère, Chafiq Ben Laden, était un actionnaire important du groupe Carlyle, lequel comptait parmi ses « clients » et « obligés », outre Bush père et fils, la plupart des dirigeants américains actuels. Vous avez dit machiavélisme ?
En vérité, et contrairement à ce que cherchent à faire croire les communicateurs de la Maison Blanche, Bush n’a que du mépris pour les musulmans. À l’instar des Américains de base qui ont voté (et voteront peut-être encore) pour lui, il adore l’argent, le pétrole et la puissance. Les musulmans, qui dorment – c’est le mot qui convient – sur les plus importantes réserves de pétrole au monde, ont eu la malchance de se trouver sur son chemin… Tant pis pour eux : ils seront convertis de force à la… liberté et à la démocratie made in USA. Les Irakiens ne remercieront jamais assez Bush de les avoir « libérés » pour les livrer aussitôt aux groupes islamistes les plus radicaux, qui n’avaient jamais réussi, par le passé, à prendre pied dans leur pays. Drôle de libération !

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