Intervention à Léopoldville

Publié le 7 septembre 2004 Lecture : 1 minute.

A Léopoldville, chaque jour, atterrissent de nouveaux avions américains chargés de matériel de guerre. Des officiers de grade élevé avec ou sans uniforme s’installent. À Johannesburg, on fait la queue devant les bureaux de recrutement. Il suffit que vous soyez blanc, que vous sachiez manier une arme et que vous vouliez aider M. Tshombé, « l’ami des Blancs, l’ennemi des communistes chinois » (sic) pour que l’on vous engage. Des avions d’Air Congo amènent les mercenaires d’Afrique du Sud à Léo. Des instructeurs les accueillent et les emmènent vers Stanleyville ou Bukavu, pour « casser » les « rebelles ».
Pendant ce temps, sur les quais du fleuve Congo s’entassent sur leurs baluchons des hommes, des femmes, des enfants. Ils sont plus de trois mille et attendent les barques qui doivent les emmener de l’autre côté du fleuve. […] « Je frappe des innocents », a déclaré M. Tshombé, « c’est possible, c’est même probable. Mais je n’ai pas le choix des moyens. »
Ces Africains qui partent font place aux Belges qui reviennent, aux mercenaires qui affluent, aux conseillers américains qui s’installent. […]
Au lieu de prévoir cette évolution, les Africains se sont contentés d’une attitude négative. Tshombé ? Nous ne voulons ni le voir ni en entendre parler ! Fermer les yeux, se boucher les oreilles n’a jamais été une attitude politique. Cela l’est moins encore lorsque l’enjeu est le plus grand pays d’Afrique noire, le pays le plus riche de tout le continent en train d’être repris en main par l’impérialisme. […]
L’OUA seule, et non pas tel ou tel gouvernement africain, aurait le droit d’intervenir, au nom de toute l’Afrique. Intervenir comment, auprès de qui ? Auprès des Américains qui, seuls au Congo, ont une politique et les moyens de l’appliquer. Mettre dans la balance le poids de l’Afrique entière, solliciter l’appui de l’URSS, de la France, des Asiatiques, des Latino-Américains qui, ensemble et séparément, ont intérêt à ce que le Congo soit indépendant de Washington comme de Pékin. […]

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