Avantages comparatifs

Fort d’une main-d’oeuvre qualifiée, le pays ne manque pas d’atouts pour attirer les investisseurs étrangers. Même si la concurrence est forte.

Publié le 7 septembre 2004 Lecture : 5 minutes.

La Tunisie est souvent perçue comme un pays présentant des avantages comparatifs pour attirer les investissements directs étrangers (IDE). Perçue seulement, car jusque-là cette compétitivité n’avait jamais été démontrée par un benchmarking(*), une étude exhaustive la comparant à d’autres pays. C’est désormais chose faite. Avec le concours de l’Union européenne, l’Agence tunisienne de promotion des investissements extérieurs (Fipa) a confié à Ecorys-Net et Business Mobility International, deux cabinets internationaux dont la crédibilité est bien assise auprès des investisseurs étrangers, le soin de mener une analyse rigoureuse du positionnement concurrentiel de la Tunisie dans six secteurs d’activité et pour trente produits. La Tunisie est comparée à six autres pays émergents avec lesquels elle est en compétition (Tchéquie, Hongrie, Maroc, Pologne, Roumanie et Turquie) et quatre nations phares en matière d’investissement (France, Allemagne, Italie et Espagne). Le résultat de cette étude, achevée en mars 2004, dont J.A.I. s’est procuré un exemplaire, est inédit. Sa conclusion est que « la Tunisie est globalement un emplacement extrêmement compétitif et attractif pour les investissements ». « Le pays, soutient ce document, associe aux faibles coûts de la main-d’oeuvre et à d’autres facteurs de production un climat économique et social stable, de bonnes infrastructures et un environnement commercial accueillant. Les frais d’exploitation peu élevés et les incitations financières publiques offrent aux investisseurs une rentabilité après impôts inégalée par les autres pays étudiés. »
La Tunisie, précise également ce document, offre un « environnement d’investissement attractif en phase avec les impératifs stratégiques des investisseurs ». On y apprend aussi que la plupart des indicateurs à la base de la comparaison attribuent à la Tunisie une position plus forte que le Maroc, la Roumanie et la Turquie, ses principaux compétiteurs.
La disponibilité et la qualification de la main-d’oeuvre figurent en tête des facteurs clés qui jouent un rôle décisif dans l’orientation des décisions d’investissement. La Tunisie « offre une main-d’oeuvre jeune, de plus en plus en plus abondante et compétente ». Les entreprises locales comme étrangères apprécient la flexibilité, les capacités de formation, les compétences et la qualification des travailleurs tunisiens. Selon le Rapport sur la compétitivité mondiale 2002-2003 établi par le Forum économique mondial de Davos (Suisse) et cité par l’étude, la Tunisie dispose de scientifiques et ingénieurs de qualité et consacre une très forte proportion de son Produit intérieur brut (PIB) à l’éducation. Le climat social y est stable et les relations entre salariés et employeurs se caractérisent par un esprit de coopération étroite.
La Tunisie offre aux investisseurs un environnement économique comparativement stable et à faible risque. Le taux de croissance est compris entre 4 % à 5 % par an en moyenne. Le taux annuel d’inflation (entre 2,5 % et 3 %) se maintient à un niveau largement plus bas que celui de bien des pays d’Europe centrale, en particulier la Roumanie et la Turquie.
Les autorités pratiquent une politique de taux de change effectif réel. Les investisseurs bénéficient d’un allégement des contraintes administratives pour les entreprises naissantes, d’une simplification des procédures contractuelles, par le règlement rapide des différends et une certaine facilité de liquidation des sociétés. L’étude cite une enquête d’opinion dont la conclusion est que la Tunisie se classe parmi les pays qui imposent le moins d’obligations et de réglementations.
La Tunisie, bien intégrée commercialement et financièrement dans l’économie mondiale, constitue une localisation stratégique avec un accès facile à l’Union européenne, aux pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest, ainsi qu’aux États du Moyen-Orient. Ses infrastructures portuaires sont de bonne qualité. Des liaisons maritimes régulières existent avec Marseille, Gênes, Barcelone et Valence. Sept aéroports internationaux assurent des liaisons avec la plupart des pays d’Europe et le reste du monde. Le pays est doté d’un système de télécommunications moderne, de services de téléphonie fixe et mobile, du Swift (réseau interbancaire qui offre une palette de services : transferts de compte à compte, opérations sur devises ou sur titres, recouvrements, etc.), d’Internet à haut débit.
Importante destination touristique (voir page 63), la Tunisie se distingue en outre par ses activités de loisirs et par la qualité de son environnement naturel.
Concernant la compétitivité par produits, la Tunisie et la Roumanie enregistrent systématiquement les frais d’exploitation les plus bas. Compte tenu du faible coût de la main-d’oeuvre, de la construction, de l’eau et de l’électricité, la Tunisie présente un net avantage en termes de coût par rapport à tous les autres pays. En intégrant l’impact des frais d’exploitation, de la fiscalité et des mesures incitatives sur une période de dix ans, elle affiche la meilleure rentabilité globale.
Dans le textile et l’habillement, ce sont les vêtements de protection (antifeu) qui enregistrent le meilleur rendement sur investissement pour une production en sous-traitance totalement tournée vers l’exportation. L’indice de rentabilité pour ce produit est de 12,80, alors qu’il est de 9,45 pour la Roumanie. Viennent ensuite les vêtements professionnels (chemise avec badge), les pantalons de ville, les chemises pour hommes et les polos.
Dans les composants électriques et électroniques, et sur les sept produits étudiés, c’est le câblage (variateurs pour lumière) qui enregistre l’indice de rentabilité le plus élevé (voir infographie). Viennent ensuite les bobines et les transformateurs, les résistances pour appareils électroménagers, les cartes électroniques, les connecteurs, les disjoncteurs magnéto-thermiques et les interrupteurs. Dans les composants automobiles, ce sont les faisceaux de câble qui montrent la plus forte rentabilité. Ils sont suivis par les composants caoutchouc, les filtres et les amortisseurs. Les volants de voiture affichent une rentabilité relativement plus basse en Tunisie.
Dans les services informatiques, c’est le développement de solutions Internet qui affiche l’indice de rentabilité le plus élevé suivi par la conception de logiciels pour cartes matérielles (mémoire, exploitation, etc.). Pour ces deux produits, la Tunisie enregistre systématiquement les frais d’exploitation annuels les plus bas. La Roumanie et le Maroc se classent en deuxième et troisième positions. Viennent ensuite la Hongrie, la République tchèque, la Pologne et la Turquie. La Tunisie présente un net avantage en termes de coût de main-d’oeuvre par rapport à tous les autres pays (la journée d’un travailleur tunisien revient à un peu plus de la moitié de celle d’un Hongrois et à quatre fois moins que celle d’un Allemand).
Dans l’agroalimentaire, la Tunisie offre un avantage par rapport à ses concurrents pour la production de fleurs coupées (roses). Les conserves de tomates pelées offrent des coûts d’exploitation très compétitifs, si l’on parvient à faire tourner les usines de fabrication toute l’année. Il en est de même pour les fruits surgelés (notamment les fraises, voir infographie), la congélation et le traitement des produits de la mer, le conditionnement de dattes, le fromage à base de lait frais, et le vin.
Dans le secteur de l’emballage, c’est encore une fois la Tunisie et la Roumanie qui enregistrent systématiquement les frais d’exploitation les plus bas. Les trois projets étudiés (étiquettes autoadhésives, films en aluminium, emballage en plastique thermoformé) sont fortement « valorisables » à l’exportation.

* Le benchmarking est une technique marketing pratiquée depuis les années 1950 par les entreprises. Le terme recouvre une idée assez simple: trouver dans le monde celui ou ceux qui réalisent de la manière la plus performante un processus ou une tâche, l’étudier (analyse comparative des facteurs coûts et indicateurs qualitatifs) et l’adapter ensuite ce processus à sa propre entreprise.

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