Au bonheur des dames

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à occuper des postes à responsabilité.

Publié le 7 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

La femme tunisienne vit plus longtemps que ses congénères des pays arabes. C’est un rapport de la Banque mondiale daté de juillet 2004 qui l’affirme : elle atteindrait 72 ans contre 68 ans en moyenne dans les autres États du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
Une autre étude comparée sur la condition des femmes en Inde (majoritairement hindouiste), au Kenya (majoritairement chrétien), au Soudan (majoritairement musulman) et en Tunisie (totalement musulman), publiée en août 2004 par le Centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)(*), souligne la formidable émancipation des Tunisiennes. Quantitativement, rapporte le document, la Tunisie se distingue de tous les autres pays par son avance : taux élevé de scolarisation des filles, quasi-égalité entre filles et garçons pour l’accès à l’éducation, large diffusion du contrôle des naissances (60 %), espérance de vie dépassant 70 ans, présence significative des femmes aux postes à responsabilité (36 % parmi les techniciens et 9 % des managers). Au Soudan par exemple, seulement 8 % de femmes ont accès aux moyens contraceptifs. Ce pays ne compte que 2 % de cadres féminins.
La Tunisie a été pionnière dans la mise en place d’une réforme complète des institutions en faveur des femmes qui a commencé avec la promulgation du Code du statut personnel en 1956 par l’ex-président Habib Bourguiba. Le président Ben Ali, qui lui a succédé en 1987, n’a remis en question aucun acquis de la femme. Selon l’OCDE, les réformes en faveur des femmes ne peuvent réussir sans volonté politique forte et sans appui de la société civile. En Tunisie, les autorités ont poursuivi dans les années 1990 une politique favorable aux femmes, malgré l’opposition des islamistes, en s’appuyant sur une opinion publique acquise à cette cause : principalement au niveau des femmes éduquées et de la classe moyenne urbaine, en faveur du progrès de la société. La bonne conjoncture économique a également favorisé la mise en oeuvre de ces réformes. En effet, la croissance tunisienne a été tirée dans les années 1980 et 1990 (et encore aujourd’hui) par les exportations de biens manufacturés, notamment les textiles, produits essentiellement par la main-d’oeuvre féminine.
Lors d’une conférence sur la condition de la femme qui s’est tenue à Tunis le 13 août, un bilan détaillé a pu être dressé. Les femmes occupent plus de 70 % des postes dans certains secteurs comme la médecine et la pharmacie, et gèrent plus de 10 000 entreprises. Au niveau des pôles de décision et des institutions publiques, leur présence est passée de 4,3 % des sièges de la Chambre des députés en 1989 à 11,5 % en 1999. Dans les conseils municipaux, cette représentation est passée de 13,3 % en 1990 à 20,6 % en 2000.
Selon le ministère tunisien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, 38 % des professeurs d’université sont des femmes. Les jeunes filles représentent 56 % des inscrits à l’université en 2003-2004. Logiquement, elles seront plus nombreuses que les garçons à recevoir un diplôme d’enseignement supérieur. Ce qui devrait se traduire à terme par la parité entre hommes et femmes au niveau des cadres du pays.

* Réalisée par Christian Morrisson avec la collaboration de Silke Friedrich.

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