3 questions à Ross Mountain

Coordonnateur humanitaire de l’ONU et représentant du Pnud en RD Congo

Publié le 6 août 2007 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Quel est l’état des lieux humanitaire du pays ?
Ross Mountain : Une enquête réalisée en 2005 par l’ONG International Rescue Committee a révélé un chiffre très inquiétant : 1 200 Congolais meurent chaque jour pour des problèmes de santé tout à fait évitables avec un minimum d’accès à la prévention et aux soins : malaria, bilharziose, sida Le taux global de séroprévalence en RDC est évalué à 4,5 % de la population, donc inférieur à celui de ses voisins. Mais c’est la répartition qui est alarmante : beaucoup de jeunes et de femmes sont touchés.
L’Est est évidemment la région la plus affectée par les problèmes sanitaires, mais elle n’est pas la seule. En Équateur, par exemple, les poches de malnutrition ne sont pas rares, et même à Kinshasa. Cela dit, des progrès ont été enregistrés en ce domaine depuis les élections, dont l’un des avantages aura été d’attirer l’attention du monde sur ce pays. Pour beaucoup, le Congo c’était Le Cur des ténèbres de Joseph Conrad. En venant ici, journalistes, observateurs et ONG se sont rendu compte qu’il fallait agir.
Bien que le désarmement se poursuive, craignez-vous que l’insécurité persiste à l’Est ?
Si vous entendez par là une guerre avec les voisins, je vous réponds non. On a parlé d’infiltrations armées, mais aucune n’a été corroborée par les troupes de la Monuc sur place. Et les relations avec le Rwanda se sont beaucoup améliorées.
Concernant les belligérants congolais, cent cinquante mille miliciens ont été désarmés, dont 70 % ont choisi de retourner à la vie civile moyennant un pécule. Il en reste encore 70 000, notamment les Maï-Maï, les mouvements de l’Ituri et les hommes de Laurent Nkunda. Nous leur donnons 110 dollars comme prime de désarmement. Puis 25 dollars par mois pendant un an pour aider à la réinsertion. L’intégration de ces gens, dont certains participent directement à l’insécurité une fois démobilisés, est un vrai problème. Nous avons relevé près de deux cents actes criminels depuis le début de 2007, dans lesquels ils sont impliqués.
Percevez-vous, depuis les élections de 2006, quelques progrès dans le domaine de la bonne gouvernance ?
Je crois que oui. Les élections entraînent ipso facto une amélioration de la gouvernance. Un gouverneur élu, par exemple, ne se comportera pas comme un gouverneur nommé. En outre, le pays a renoué avec le FMI et le taux du franc congolais par rapport au dollar s’est apprécié. Ce sont de bons signes.

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