Non au ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale !

Publié le 7 août 2007 Lecture : 2 minutes.

Nous sommes huit historiens à avoir démissionné de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) pour protester contre l’intitulé du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale. L’association de ces deux termes a toujours véhiculé en France des connotations négatives à l’égard des immigrants et a été diffusée, dans les années 1980, par le Front national (FN). Ce qui est très grave, c’est qu’aujourd’hui cette association de termes est entrée dans le vocabulaire d’État.

Pour lutter contre le FN, un « front républicain » s’était constitué et proposait une vision positive de l’immigration. L’idée de créer un lieu de mémoire qui puisse changer le regard de l’opinion sur l’immigration a émergé à ce moment-là. Ce projet a mis vingt ans à aboutir et finalement a vu le jour, en 2002, sous l’impulsion de Jean-Pierre Raffarin et de Jacques Toubon. Nous avons eu alors le sentiment qu’il existait désormais une sorte de consensus entre la gauche et la droite pour rejeter le discours négatif sur l’immigration. Malheureusement, le candidat de l’UMP, Nicolas Sarkozy, a fait machine arrière pendant la campagne présidentielle pour récupérer les voix du FN. La création du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale est le résultat de ce repli nationaliste.

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Notre action n’obéit pas à des motivations politiciennes. Ce n’est pas une polémique entre la droite et la gauche. C’est une question civique. Il est de notre responsabilité d’historiens de combattre à tous les niveaux les préjugés qui alimentent le racisme et la xénophobie. Aujourd’hui, les usages de l’histoire sont de plus en plus importants dans le débat politique. Nous devons défendre l’autonomie de la réflexion historienne sur les questions mémorielles. Notre démission collective de la CNHI illustre les formes de résistance que les intellectuels peuvent développer aujourd’hui, sur des problèmes que les politiques n’osent plus aborder, en raison de la « dictature des sondages ». En tant que chercheurs, nous avons une certaine liberté de parole dont nous ne devons pas nous priver.

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