L’ONU contre les « narcos »

Publié le 6 août 2007 Lecture : 2 minutes.

Une lueur d’espoir pour la Guinée-Bissau ? C’est ce que laissent espérer les accords conclus, le 31 juillet, entre l’ONU et ce petit pays, qui figure parmi les plus pauvres du monde. Les deux conventions et le protocole d’accord signés concernent respectivement la lutte contre la corruption, le crime organisé transnational et la traite des personnes.
Ce renforcement de la coopération internationale survient alors que la Guinée-Bissau est en passe de devenir une plaque tournante du trafic de drogue (cocaïne, essentiellement) entre l’Amérique latine et l’Europe. Les trafiquants utilisent volontiers l’archipel des Bijagos, une cinquantaine d’îles quasi désertes situées en face de Bissau, à proximité d’une zone de mangroves. Un lieu idéal pour dissimuler la « marchandise ».
Mais ils profitent surtout de la faiblesse de l’État bissauguinéen. Fragilisé par l’instabilité politique récurrente et ses prolongements en Casamance, au Sénégal voisin, le pays a les plus grandes difficultés à payer ses fonctionnaires (les arriérés de salaires atteignent parfois plusieurs mois) et à démobiliser ses militaires surnuméraires. Du coup, certains « corps habillés » ne manifestent pas un grand empressement à réprimer les narcotrafiquants. Quand ils ne sont pas leurs complices !
Mais le gouvernement constitué au mois d’avril par Ndafa Kabi, à l’issue d’un bras de fer entre le Parlement et le président João Bernardo Vieira, est peut-être en train de faire bouger les choses. Dès le mois suivant, le Syndicat de la magistrature a été autorisé à révéler qu’un stock de 674 kg de cocaïne saisi en septembre 2006 avait mystérieusement disparu. Et qu’une dizaine de suspects (dont deux Colombiens) arrêtés à cette occasion avaient été libérés sans l’accord du juge chargé du dossier. Ce qui, naturellement, suppose des complicités haut placées. Les noms d’anciens responsables gouvernementaux et d’officiers supérieurs circulent, mais, à ce jour, personne n’a été inquiété.
De leur côté, les principaux bailleurs de fonds – Banque mondiale, Pnud ou Union européenne – ne restent pas inactifs. Plusieurs aides ont été récemment allouées à la Guinée-Bissau pour lui éviter de sombrer dans le chaos. L’objectif de la communauté internationale est de lutter contre un trafic qui prend des proportions alarmantes dans les économies européennes, mais aussi, bien sûr, africaines. « Attention ! L’argent de la drogue risque de déstabiliser la Guinée-Bissau et toute la sous-région », avertit, par exemple, António Mazzitelli, le chef du bureau régional de l’Agence des Nations unies pour la lutte contre la drogue et la criminalité (ONUDC).

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