Ils et elles en parlent

Publié le 6 août 2007 Lecture : 3 minutes.

Samira F.,
aide-coiffeuse à Tunis, célibataire, 26 ans
« Les choses ont évolué en Tunisie. Aujourd’hui, les fi lles sortent avec des garçons dès le lycée. Ils fl irtent et n’hésitent pas à aller plus loin. J’ai même des copines qui ont plusieurs partenaires. Mais, en ce qui me concerne, je tiens à ma virginité parce que je sais pertinemment que les hommes y tiennent aussi. D’ailleurs, il y a une grande hypocrisie à ce sujet. Les garçons aiment les fi lles libérées, mais dès qu’il s’agit de se marier, ils veulent une femme vierge. D’où un boom des opérations de reconstitution de l’hymen dans notre pays. »

Ahmed C.,
commerçant à Sfax, marié sans enfant, 44 ans
« Ma première relation à 18 ans était avec un homme. Je n’ai pas honte. Je ne préfère pas les garçons, mais, à l’époque, c’était très difficile de rencontrer des filles. La plupart acceptent de flirter, mais jamais plus. La virginité, toujours la virginité Heureusement que les mentalités ont changé et que les lieux de rencontre se sont multipliés. Filles et garçons se voient aujourd’hui plus facilement et parlent librement de sexualité et d’amour. Bien sûr, il reste de nombreux interdits. Et ce n’est pas près de s’arrêter. »

la suite après cette publicité

Othmane B.,
ingénieur à Alger, marié, un enfant, 38 ans
« J’avais 19 ans quand j’ai fait l’amour pour la première fois. C’était lors de ma visite médicale pour le service militaire. À l’époque, la tradition voulait que les jeunes fassent un détour au bordel pour goûter à la vie Les maisons de tolérance, aujourd’hui presque toutes fermées sous la pression des islamistes, permettaient aux jeunes de connaître leurs premiers émois sexuels en toute légalité.
Ensuite, à l’université, j’ai eu des petites amies, mais ces relations menaient rarement au lit. Si bien que j’ai dû attendre plusieurs années pour faire l’amour avec une autre femme. Dans un pays très conservateur, il est difficile d’avoir une sexualité épanouie en dehors du mariage. Par peur de subir les foudres de la famille ou d’être mis au ban de la société, la majorité des filles tiennent à sauvegarder leur virginité.
Depuis quelques années, la situation a changé. Les télévisions occidentales et Internet ont fait évoluer les mentalités sans pour autant révolutionner les murs. Aujourd’hui, Algériens et Algériennes sont de plus en plus nombreux à coucher sans être mariés, contrairement à ce qu’exige la loi islamique. »

Baba O.,
gérant de magasin à Nouakchott, célibataire sans enfant, 28 ans
« J’ai une petite copine depuis deux ans, elle s’appelle Aminata. Nous n’avons jamais fait l’amour parce qu’elle ne veut pas. Sa mère lui a donné une bonne éducation musulmane. Elle lui a appris qu’une fille ne devait pas perdre sa virginité avant son mariage. Avant, je laissais tomber une fille si elle ne voulait pas coucher avec moi. Et même si elle le voulait, je la laissais tomber après. Mais, avec Aminata, ce n’est pas une histoire de sexe. Je l’aime vraiment. On a des projets, je me dis qu’on va se marier. Ça ne me gêne pas de ne pas coucher avec elle. Et puis, je suis musulman, et coucher avec une fi lle vierge avant son mariage, c’est un grand péché, je ne l’ai jamais fait. Je fais l’amour ailleurs, à peu près une fois par mois. Je ramène des filles dans l’appartement où je vis avec des amis. Ce ne sont pas vraiment des prostituées, ce sont des filles faciles. Je crois qu’Aminata se pose des questions, mais elle n’est pas au courant. À chaque fois que je le fais, juste après, je me sens mal, je me sens sale, parce que je sais que le sexe c’est un grand péché. Mais je suis un homme. C’est comme ça. »

Narjiss S.,
cadre supérieur à Agadir, divorcée, 2 enfants, 42 ans
« Avec mon ex-mari, j’avais une vie sexuelle plutôt épanouie. Nous avons divorcé il y a cinq ans. J’ai connu peu d’hommes après lui : entre mon travail et mes enfants, j’ai très peu de temps pour moi. Et même si nous faisons des progrès, les femmes divorcées et les mères de famille se remarient difficilement. Il y a deux ans environ, j’ai vécu une aventure : j’étais en voyage professionnel à Londres. Au cours d’un dîner chez des amis, j’ai fait la connaissance d’un Français très séduisant. Nous avons passé la nuit ensemble à mon hôtel. Je suis rentrée le lendemain au Maroc Un beau souvenir. Un fantasme surtout. Je crois que loin du qu’en-dira-t-on et de la pression sociale, il est plus facile de se laisser aller. »

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires