Golden boy et collectionneur
Homme d’affaires, Sindika Dokolo est aussi un amateur d’art contemporain, qu’il s’attache à faire découvrir aux Congolais.
Chef d’entreprise et collectionneur d’uvres d’art contemporain, Sindika Dokolo est un jeune Congolais atypique. Fils de feu Augustin Dokolo Sanu, un des premiers hommes d’affaires du Congo indépendant, et de la Danoise Hanne Taabbel Kruse, il a passé une partie de sa vie en RDC, alors Zaïre. Marié à Isabel dos Santos, la fille du président angolais, il s’est installé à Luanda, qu’il a découvert en 1999, alors qu’il fuyait la RDC de Laurent-Désiré Kabila en proie à la guerre.
Suivant les traces de son père, Sindika s’est lancé dans les affaires. « Mon père avait investi dans de nombreux secteurs, comme la banque, les assurances, les mines, l’agriculture, l’immobilier, le commerce et l’industrie. Ce sont ses idées que j’essaie de développer et d’adapter. En Angola, j’interviens dans les télécommunications. J’ai également une usine de plastique PVC et une unité de production de ciment », confie-t-il. Pas question pour autant de bouder la RDC. « Je suis congolais à 200 % », insiste-t-il. S’il n’y vit pas à temps plein, il y a investi, en achetant une licence GSM. Parmi ses projets : le rachat de la cimenterie nationale et la relance d’un barrage hydroélectrique. Mais son plus grand rêve serait de créer un réseau bancaire, à l’image de ce qu’avait fait son père, en 1969, avec la Banque de Kinshasa. Profitant de son expérience à Luanda, Dokolo souhaite développer des synergies entre l’Angola et la RDC, deux pays très complémentaires à ses yeux.
Derrière son air déterminé, le golden boy cache un amateur éclairé d’art contemporain. Une passion qui remonte à l’enfance, et qui lui a été transmise par ses parents (son père s’est rendu au premier Festival des arts nègres organisé à Dakar en 1966). Mais ici, point de commerce. Sindika n’amasse pas les uvres pour leur valeur marchande : « Je n’achète que ce que j’aime. » Pour lui, collectionner est avant tout une démarche culturelle, un travail d’écoute et de compréhension de l’autre. Le millier de pièces qu’il possède à Luanda – dont une grande partie provient de la collection de l’homme d’affaires allemand Hans Bogatzke – fait preuve d’un certain éclectisme : toiles, vidéos, installations, photos. On y trouve des uvres de haute facture, d’artistes contemporains africains et d’autres continents : Chéri Samba, Berni Searle, William Kentridge, Pascale-Marthine Tayou, Moshekwa Langa, Geers Kendell, Olu Oguibe, Kay Hassan, Yinka Shonibare, Ingrid Mwangi, Zwelethu Mthethwa, Marlène Dumas, Chris Ofili, Andy Warhol.
Dokolo espère maintenant faire découvrir l’art aux Africains. Il a notamment présenté certaines uvres dans le cadre de la Biennale de Luanda, également appelée « Luanda Pop », en 2006. La collection du jeune Congolais a également été présentée, en juin dernier, à la 52e édition de la Biennale d’art contemporain de Venise. Une première pour l’Afrique. Mais Dokolo ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Parmi ses projets, la création d’un centre d’art moderne à Luanda, d’une maison des artistes en Angola et d’une exposition à Kinshasa. Laquelle ne devrait laisser personne indifférent. « Je n’hésiterai pas à aborder des thèmes comme la sexualité, la religion, la liberté de créer ou la lutte contre la pensée unique », déclare Sindika, un brin de malice dans les yeux. Quoi de mieux que l’art et la culture pour offrir aux Congolais un regard nouveau sur le monde.
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