RDC – Affaire « Congo Hold-up » : Joseph Kabila lance la contre-attaque
Les avocats de l’ancien président dénoncent une campagne « d’intoxication et de diabolisation » orchestrée par des médias internationaux, après la publication d’une vaste enquête sur des détournements de fonds durant ses années au pouvoir.
![L’ancien président congolais Joseph Kabila, le 30 décembre 2018. © LUIS TATO/AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2021/01/18/jad20210118-ass-rdc-cour-constitutionnelle-kabila.jpg)
L’ancien président congolais Joseph Kabila, le 30 décembre 2018. © LUIS TATO/AFP
Il aura fallu attendre plus d’un mois après le début des révélations de « Congo Hold-up » pour que Joseph Kabila réponde aux accusations lancées contre lui. C’est par la voix d’un collectif d’avocats spécialement constitué qu’il a choisi de le faire.
Dans leur viseur, une enquête menée par dix-neuf médias internationaux basée sur la fuite de 3,5 millions de documents. Jour après jour, entre fin novembre et début décembre, ce consortium a affirmé dévoiler comment le régime de l’ancien président congolais avait détourné des sommes faramineuses au profit de certains de ses proches. Plus de 140 millions de dollars auraient ainsi échappé à l’État entre 2013 et 2018.
Complot
Des accusations que le collectif d’avocats de Joseph Kabila a niées en bloc. C’est « une enquête sans aucun fondement, calomnieuse et soutenue par aucune preuve fiable et crédible », ont-ils dénoncé. « Aucune transaction, aucun compte en banque à son nom n’a été présenté », soulignent-ils, en regrettant « un complot d’intoxication et de diabolisation » visant à « intensifier la crise politique » en RDC.
Contrairement à ce que certains prédisaient, aucune plainte n’a été déposée contre les auteurs de l’enquête, mais « nous nous en réservons le droit », explique le collectif d’avocats. En revanche, la guerre de communication est lancée. Face à une enquête révélant les dérives d’un régime, les avocats de Joseph Kabila encensent un président arrivé au sommet de l’État en 2001 dans des conditions « difficiles » et qui s’est « battu pour la pacification du pays ». Désormais retiré du pouvoir, l’homme a choisi de « vivre modestement parmi les siens » plutôt que dans de riches villas à l’étranger, ajoutent-ils.
Radicaliser les positions
C’est l’une des principales préoccupations des observateurs de la vie politique congolaise. Alors que les révélations de « Congo Hold-up » ont poussé les autorités à saisir le procureur général pour mener une enquête, certains craignent que cela radicalise les positions des deux camps.
Après avoir quitté la présidence début 2019, Joseph Kabila a vu sa majorité parlementaire renversée et son alliance avec Félix Tshisekedi voler en éclat. Désormais dans l’opposition, à la tête d’un mouvement politique affaibli, il se fait discret, alternant les séjours dans sa ferme de Lubumbashi, dans le sud-est du pays, ou dans celle de Kingakati, non loin de Kinshasa. Ce n’est que de nuit, à l’abri du tumulte et des regards, qu’il se déplace jusqu’à sa résidence de la Gombe, dans la capitale.
Si ses proches se sont dits outrés par les révélations de « Congo Hold-up », l’ancien président n’a rien laissé paraitre de ses émotions. Son entourage l’assure : il reste « serein ». Et mutique.
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