Sport numérique national

Comment les internautes contournent les difficultés.

Publié le 6 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

« Ne pas changer le proxy. » Tous les Tunisiens qui ont surfé dans un Publinet ont vu cette affichette collée au mur ou sur l’ordinateur. La chasse au « proxy » est en passe de devenir un sport national, pratiqué par les internautes désireux de visiter des sites dont l’accès est contrôlé. Pour mieux comprendre, un peu de technique est nécessaire. Le proxy est un programme informatique qui va chercher les pages du site que l’on veut consulter, géré par exemple à Washington, pour les installer sur un ordinateur plus proche, lui aussi nommé proxy. Ceci permet d’accélérer l’affichage. Un même site Internet peut donc être consulté sur plusieurs ordinateurs, dont il reste à trouver les adresses si l’on souhaite contourner les interdits. Tout le problème est de s’assurer de la validité de ces adresses, vite repérées et bloquées. La communauté des internautes astucieux s’est fait une spécialité de se les échanger sur de nombreux forums de discussion.
Au-delà, cette situation semble avoir des conséquences économiques. Avec 771 000 internautes recensés par l’Autorité tunisienne de l’Internet (ATI) en octobre 2004, la Tunisie affiche un taux de pénétration de près de 7 %. Une remarquable performance, qui place le pays loin devant la moyenne observée en Afrique du Nord (2,8 %). Or, à la même date, le nombre d’adresses électroniques ouvertes auprès des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) tunisiens n’est que de 133 589, soit 14,9 % des internautes… Les autres semblent donc préférer confier leurs échanges de mails à des groupes étrangers comme Yahoo ! ou Hotmail, supposés plus fiables. Dans cette hypothèse, près de 85 % du trafic échappe aux fournisseurs d’accès à Internet du pays… et, avec lui, toute la valeur ajoutée qui peut lui être associée, par exemple en revenus publicitaires. Pour des raisons similaires, certaines entreprises tunisiennes choisissent de faire héberger leur site Web à l’étranger. L’ATI dénombre 1 775 sites tunisiens, mais, selon certaines estimations non officielles, pas plus de 700 d’entre eux seraient hébergés sur des serveurs tunisiens. Là encore, le manque à gagner est évident. Les efforts du gouvernement pour promouvoir les nouvelles technologies sont réels… Mais les internautes tunisiens n’ont pas encore toute confiance dans l’économie numérique de leur pays.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires