Opérateur pivot

Paris réforme son dispositif de coopération. Et renforce le rôle et les attributions de l’Agence française de développement.

Publié le 7 juin 2005 Lecture : 3 minutes.

Avec 1 618 agents dans le monde, 47 bureaux à l’étranger, des compétences multiples et plus de 1 milliard d’euros d’engagements financiers dans les pays en développement, effectués sous forme de subventions, de prêts concessionnels, de garanties, ou de prises de participation dans des entreprises, l’Agence française de développement (AFD) est devenue l’opérateur pivot de la coopération française.
Comme l’indique le rapport annuel présenté le 27 mai, ses activités se sont fortement développées en quelques années. Entre 2001 et 2004, les prêts concessionnels souverains (octroyés aux États étrangers) sont passés de 293 millions à 478 millions d’euros (+63 %) et les prêts concessionnels non souverains – attribués à des entités publiques non étatiques ou privées – de 4 millions à 134 millions d’euros. Seuls les dons et les engagements de la Proparco – filiale de l’Agence destinée au financement du secteur privé – sont restés stables, aux alentours respectivement de 170 millions d’euros et de 220 millions d’euros. « Cette croissance n’a entraîné aucun coût additionnel pour l’État, car l’AFD a amélioré son effet de levier sur les ressources publiques qui lui sont confiées », rappelle Jean-Michel Severino, directeur général de l’institution. Le ratio engagement/coût net était de 1,90 euro en 2001, contre 3,60 euros en 2004.
L’Afrique subsaharienne se taille la part du lion des activités de l’AFD. Elle réceptionne 40 % des dons et des prêts de l’Agence. Depuis 2001, les volumes consacrés au continent ont augmenté tout en se concentrant sur un nombre plus réduit de pays, une quinzaine au total. Aucun nouveau projet n’est envisagé en Côte d’Ivoire en raison du niveau des impayés de l’État, environ 650 millions d’euros. De même, au Cameroun, qui a connu une grave crise financière au début de l’année, le contrat désendettement-développement ne sera mis en oeuvre par l’AFD que lorsque le pays aura atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE. En 2006, si tout va bien.
En 2005, les volumes consacrés au continent devraient diminuer de 2 % compte tenu, notamment, de l’extension géographique de la zone d’action de l’AFD. La Jordanie, la Turquie, la Chine, la Thaïlande et les pays frappés par le tsunami comptent parmi les nouveaux bénéficiaires. Prochainement, la Syrie, l’Égypte et l’Afghanistan devraient également entrer dans le périmètre d’action de l’Agence. Autre tendance qui devrait se confirmer : l’augmentation des prêts non souverains, en particulier à destination des collectivités locales, et le renforcement de l’aide budgétaire (qui consiste à abonder une somme globale dans les comptes des pays bénéficiaires) au détriment de l’aide projet.
Enfin, dans le cadre de la réforme du dispositif de coopération française, l’AFD récupère une partie des attributions, sur dons, du ministère des Affaires étrangères dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la formation professionnelle et du développement urbain. Un transfert qui implique que l’AFD reprenne les projets en cours dans ces secteurs dès 2005, mais aussi l’assistance technique qui y est liée. Ce qui nécessite « beaucoup d’huile de coude », selon Jean-Michel Severino. Le principal changement se fera surtout ressentir au niveau des bénéficiaires, car c’est à eux que reviendra la maîtrise d’ouvrage des opérations. Ce qui n’était pas le cas avec le ministère des Affaires étrangères, puisque la plupart du temps, les projets sont mis en oeuvre, pour le compte des bénéficiaires, par les services de coopération des ambassades.

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