Les labos du futur

Véritables nurseries d’entreprises, ils ont été conçus pour doper la créativité et l’esprit d’initiative. Objectif atteint à Monastir.

Publié le 6 juin 2005 Lecture : 3 minutes.

Quand il parle du cyber-parc dont il est le directeur, Ridha Chtioui se montre intarissable. « Ce type de structure permet de créer de la richesse en mettant en valeur des compétences qui, autrement, n’auraient jamais eu l’occasion de s’exprimer. » Pourquoi tient-il à s’investir à fond dans sa mission, quitte à en faire un peu plus que prévu ? « On ne peut pas se contenter d’accueillir les porteurs de projets, de leur donner une salle, des ordinateurs et de les laisser se débrouiller. Il faut les chouchouter, les coacher… Tout faire pour qu’ils se sentent le mieux possible. Et c’est ainsi qu’ils donneront le meilleur d’eux-mêmes. » Le cyber-parc qu’il dirige est situé à Monastir, à 150 km au sud de Tunis. Moderne, clair, aéré, le bâtiment de 1 000 m2 accueille 14 start-up et un total de 70 personnes. Deux dossiers sont en attente. Et dans quelques mois, l’inauguration d’une aile supplémentaire du bâtiment permettra de quasiment doubler la capacité d’accueil.
Mais, au fait, c’est quoi, un cyber-parc ? Il s’agit d’un espace aménagé, équipé en mobilier et en moyens de communication (réseau local, accès à Internet), mis à la disposition des jeunes entreprises pour une période de trois ans. Il suffit de satisfaire à quelques critères (être titulaire d’un diplôme de l’enseignement supérieur, diriger le projet, s’implanter dans la région) pour soumettre son projet. Celui-ci passe devant deux commissions, et, s’il est accepté, il n’y a plus qu’à installer ses ordinateurs et à travailler. L’objectif est donc d’accueillir les porteurs de projets et de leur faciliter la tâche. Avec l’idée que, une fois les trois ans écoulés, la start-up sera assez solide pour « voler de ses propres ailes, créer de la richesse et des emplois », s’enthousiasme Ridha Chtioui. La Tunisie compte au total cinq lieux de ce genre. En plus de Monastir, il y a Gafsa, Le Kef, Siliana et Kasserine. Soit un total de 4 600 m2 dans lesquels plus de 300 cerveaux s’activent pour inventer la Tunisie de demain.
Jerbi Hatem, gérant de Delta Soft Informatique (DSI), s’est installé à Monastir en mars 2003. « Je voulais me lancer dans le développement de logiciels de commerce, de comptabilité, de gestion de production et de gestion hôtelière », résume cet ancien de l’École nationale d’ingénieurs de Monastir (Enim), située à deux pas du cyber-parc. « Aujourd’hui, DSI emploie quatre personnes. Et nous avons des références en Grèce, en Croatie, en Belgique et au Maroc. » Dans un local attenant, Mustapha Younes, 24 ans, titulaire d’une maîtrise en informatique et créateur de la start-up Média +, travaille sur un autre type de projet logiciel. « Nous faisons du développement applicatif pour les téléphones portables. On travaille aussi sur la gestion de stock et les applications Web. » Un peu plus loin se trouvent les locaux de SMS 7/7. Son gérant, Ghandri Ramzi, a choisi d’attaquer le secteur de la publicité SMS pour les sociétés commerciales. « J’ai commencé il y a six mois et j’ai déjà 99 clients ! » se félicite ce jeune homme de 27 ans issu de l’École d’ingénieurs de Tunis. Mais la réalisation la plus impressionnante du cyber-parc est certainement celle de la société Insen (Intelligent System Enginerering). Diplômé, lui aussi, de l’Enim, Addem Bouras a créé Insen en septembre 2003, une start-up qui joue aussi un rôle de laboratoire de recherche. Spécialisée dans les automates à commande numérique, elle a aussi développé un onduleur (convertisseur d’énergie) conçu pour réduire la consommation d’électricité. Un équipement aussi performant que ses concurrents, mais qui coûte trois à quatre fois moins cher !

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