Les Américains et la guerre
Le soutien de l’opinion publique américaine à la guerre en Irak s’effrite régulièrement, mais il n’y a pas encore d’opposition organisée. Depuis la reprise des violences après le calme relatif qui avait suivi les élections irakiennes de janvier, les instituts de sondage et les politologues ont multiplié les analyses : le pourcentage des réponses favorables à la guerre est tombé de 70 %, à l’été 2003, à 40-45 % aujourd’hui.
Le nombre des victimes américaines – environ 1 700 morts jusqu’à présent – pèse évidemment dans la balance. Certains estiment que le taux d’approbation de la politique du président George W. Bush chute d’un demi-point par centaine de morts annoncées. Mais au cours de la guerre du Vietnam, il a fallu attendre les quelque 17 000 victimes américaines enregistrées en 1968, quatre ans après les débuts de l’intervention, pour qu’une majorité se déclare hostile à la guerre.
Même si de plus en plus de gens pensent que l’invasion de l’Irak a été une erreur, seuls 20 % à 40 % des personnes interrogées souhaitent un retrait immédiat des troupes américaines. Une enquête très récente de la Rand Corporation indique que les Américains sont plutôt disposés à accepter davantage de pertes en Irak que lors des interventions au Kosovo, en Somalie ou à Haïti dans les années 1990, parce que les enjeux sont beaucoup plus importants. Tant que le conflit irakien restera limité à la lutte mondiale contre le terrorisme, estime cette enquête, les responsables politiques et militaires « peuvent compter sur une opinion publique relativement permissive ». Elle pourrait évoluer défavorablement, cependant, fait observer un autre institut, s’il apparaissait que la situation n’a aucune chance de s’arranger ou si les Irakiens réclamaient à grands cris le départ des Américains.
Le clivage est très net entre sympathisants républicains et sympathisants démocrates. Selon une enquête Pew de mars 2005, entre 5 % et 18 % des premiers estiment que la guerre a été une erreur, contre 60 % à 90 % des seconds. Mais le camp démocrate n’a toujours pas trouvé « l’unité politique » qui permettrait de structurer un mouvement d’opposition et de mobiliser l’opinion. Bush reste pour l’instant maître du jeu.
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