Le lancement du plan Marshall

Publié le 6 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

Jeune officier pendant la Première Guerre mondiale, général, puis président de l’état-major anglo-américain pendant la Seconde, George Catlett Marshall a fait une belle carrière militaire, mais c’est au plan qui porte son nom qu’il doit d’être entré dans l’Histoire et d’avoir reçu le prix Nobel de la paix en 1953.
L’acte de naissance du « plan Marshall » est le discours prononcé le 5 juin 1947 à l’université Harvard par le général, devenu, le 8 janvier précédent, secrétaire d’État du président Harry Truman. Ce n’était pas une initiative individuelle, mais une stratégie mûrement réfléchie, inspirée à la fois par des considérations humanitaires et par la volonté de faire barrage au communisme en Europe de l’Ouest. Le premier jet du discours avait été écrit par l’ambassadeur en Union soviétique, Charles Bohlen, à partir de plusieurs études du service de planification de George Kennan, l’initiateur de la politique de containment (« endiguement ») de l’URSS.

Rappelant la situation catastrophique dans laquelle se trouvait à l’époque l’Europe, totalement dévastée par la guerre, Marshall déclarait : « Il est logique que les États-Unis fassent tout ce qu’ils peuvent pour aider au rétablissement de la santé économique du monde, sans laquelle il ne saurait y avoir ni stabilité politique ni paix assurée. Notre politique n’est dirigée contre aucun pays, contre aucune doctrine, mais contre la faim, la pauvreté, le désespoir et le chaos. »
Le pari était simple dans son principe : investir massivement dans une région où, au-delà des destructions de la guerre, les fondamentaux économiques restaient sains et où existait une main-d’oeuvre qualifiée. La mise en pratique fut à la fois ambitieuse et prudente. Le plan Marshall, qui s’appelait officiellement l’European Recovery Program (Programme de relèvement de l’Europe), était prévu pour durer quatre ans. Un organisme distinct, l’Economic Cooperative Administration, avait été mis en place pour examiner les besoins des pays, définir des programmes et les faire exécuter. L’ECA avait à Paris un correspondant responsable pour toute l’Europe, Averell Harriman, qui disposait d’une équipe de six cents personnes.

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Entre 1948 et 1953, les États-Unis consacreront à l’opération quelque 13 milliards de dollars, essentiellement sous forme de dons (1,5 milliard sera néanmoins remboursé). Cet argent n’était pas destiné à distribuer des rations alimentaires ou à construire des maisons individuelles, mais à relancer globalement l’économie : accroissement de la production, développement du commerce, encouragement à la coopération et à l’intégration économiques européennes… Seize pays comptant au total 270 millions d’habitants étaient concernés. Parmi eux, l’Allemagne de l’Ouest, mais aucun pays du futur « bloc socialiste ». Dès juillet 1947, la division de l’Europe sera consommée. En 1948, ce sera le « coup » de Prague…
En 1951, dans les pays bénéficiant du plan Marshall, la production aura globalement augmenté de 37 %, la production agricole de 25 % et la production d’acier de 100 %. Et les bases de la future Union européenne auront été jetées avec la création de l’Organisation européenne de coopération économique.
Des historiens américains de renom ont écrit que « le plan Marshall a constitué la contre-attaque la plus efficace contre la pauvreté, le désespoir et le chaos de l’histoire moderne. Loin de ruiner les États-Unis, l’opération leur a permis d’accéder à une prospérité sans précédent. » Leur collègue français René Rémond est pour sa part convaincu que « sans cette aide, la France n’aurait pu ni relever ses ruines, ni rattraper son retard, ni amorcer son expansion ».

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