Chine : les vaisseaux spatiaux, c’est bien ; la liberté, c’est mieux !

Publié le 6 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

Au XXe siècle, le titre de « pays le plus important du monde » était détenu par les États-Unis. Au XXIe, il le sera probablement par la Chine. Qui sont donc vraiment Hu Jintao et Wen Jiabao, les nouveaux dirigeants chinois ? Sont-ils des visionnaires qui président à la plus grande explosion de richesse que le monde ait connue ? Ou bien des brutes impitoyables qui, pour préserver leur dictature, persécutent les chrétiens, les adhérents de la secte Falun Gong, les syndicalistes et les journalistes ? Les deux interprétations se défendent, et il y a probablement du vrai dans l’une et dans l’autre.
Lorsque Hu et Wen ont pris les commandes du Parti communiste il y a deux ans, beaucoup de Chinois ont espéré qu’ils apporteraient un peu d’air frais à un pays économiquement dynamique mais intellectuellement stagnant. Au lieu de quoi ils ont mis en oeuvre une politique répressive. […]

Le journaliste Jiang Weiping purge ainsi une peine de six ans d’emprisonnement pour avoir « divulgué des secrets d’État ». En réalité, on ne lui pardonne pas d’avoir dénoncé la corruption. « La Chine a beaucoup changé économiquement, mais pas politiquement », m’a confié Li Yanling, la femme de Jiang, à qui les autorités ont ordonné de ne pas faire de battage autour de l’arrestation de son mari et l’ont jetée en prison parce qu’elle leur avait désobéi. Lorsqu’elle a finalement été relâchée, sa fille de 15 ans, traumatisée, n’arrêtait pas de lui téléphoner depuis son école pour s’assurer qu’elle était toujours en liberté…
En Chine, quarante-deux journalistes sont actuellement derrière les barreaux – record mondial. « Il y a eu une période d’ouverture, une période d’espoir, lorsque les nouveaux dirigeants sont arrivés au pouvoir, explique Jiao Guobiao, professeur de journalisme à l’université de Pékin, mais maintenant qu’ils sont bien installés, tout s’est refermé. » Jiao sait de quoi il parle. Au début de l’année, il a publié un livre dénonçant la censure, qui a été immédiatement… censuré. Depuis, il est interdit d’enseignement. […]

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J’aime beaucoup la Chine, et je partage la colère de ses dirigeants contre ceux qui la dénigrent. C’est pourquoi j’en veux beaucoup aux durs de Pékin qui donnent l’image d’un pays répressif, fragile, tyrannique et arriéré. En bâillonnant ses habitants, ils compromettent également les perspectives d’avenir à long terme.
La Chine actuelle éblouit les visiteurs avec ses gratte-ciel somptueux, ses hôtels cinq étoiles et ses autoroutes. Son décollage est réel et spectaculaire, mais pour qu’elle soit réellement un pays avancé, il ne lui faut pas seulement des vaisseaux spatiaux, il lui faut aussi la liberté. Sinon, tout ce flamboiement ne serait qu’un mirage. Les dirigeants chinois devraient se rappeler un vieux dicton paysan : « Lu fen dan’r, biaomian’r guang. » Traduction : « Ça brille à l’extérieur – c’est comme le crottin de cheval. »

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