Au rythme de Mosaïque
Pour ceux qui manqueraient d’air, la fréquence 94.9 permet de respirer en FM. Le succès de la première radio privée tunisienne se confirme.
Publié le 6 juin 2005 Lecture : 2 minutes.
Dans un coin, une jeune fille griffonne sur un bloc. « Je prépare une chronique sur un livre pour enfants. La semaine prochaine, ça remuera un peu plus avec un bouquin sur le bagne de Guantánamo… » Emna Louzir est la chroniqueuse littéraire. Dans le bureau voisin, Leïla Belhaj, écouteurs sur les oreilles, sélectionne les morceaux de musique de son prochain Forum. Un peu plus loin, Naoufal Ouertani, animateur vedette du Mosaïque Show, jongle avec un micro. Dans les couloirs, on se trémousse au son du R’n’B qui passe en fond sonore. Deux journalistes en jean et tee-shirt, pas plus de 30 ans, passent en courant : c’est l’heure de préparer le flash info. Nous sommes chez Mosaïque, la radio FM qui arrose tout le Grand Tunis. Il suffit de prendre quelques taxis et de fréquenter des pubs en ville pour se rendre compte que beaucoup de monde se branche sur le 94.9. Il suffit aussi d’écouter les programmes pour comprendre pourquoi. La « couleur » musicale mélange habilement les tonalités modernes du R’n’B, de la house, un peu de rock et un soupçon de soul avec les derniers tubes de la variété égyptienne, libanaise et tunisienne. Les flashs d’info ou de sport sont courts et concis. Les animateurs ont une façon de s’exprimer bien particulière, émaillant le dialecte tunisien d’expressions toniques en italien ou en français. Et surtout, nombre d’émissions sont conçues pour permettre aux Tunisois, surtout aux jeunes, de s’exprimer à l’antenne, en direct et en toute liberté, sur des sujets un peu chauds. « Dans le Forum animé par Leïla, on a abordé plein de sujets tabous comme le sida, le sexe, les problèmes de chômage ou la condition féminine, explique Noureddine Boutar, un petit sourire aux lèvres. On parle aussi de problèmes de société : éducation, circulation, environnement… Ça marche bien. À chaque fois, les auditeurs font sauter le standard ! » Le directeur de Mosaïque a toujours l’air d’être sur le point d’éclater de rire. Un peu comme s’il n’arrivait pas à croire au succès de sa radio.
Il faut dire qu’une radio FM privée, les Tunisiens en rêvaient depuis un moment. Alors, quand Mosaïque a enfin déboulé en 2003, avec des animateurs qui leur ressemblaient, de la musique plutôt branchée et des émissions d’expression libre, les auditeurs ont un peu eu l’impression qu’on leur insufflait une bonne bouffée d’oxygène dans les bronches. Avec l’été qui arrive, la douce ivresse se prolongera un peu plus tard dans la nuit : « À partir du 1er juillet, on passe à la grille d’été. C’est-à-dire qu’on diffuse jusqu’à 3 heures du mat’. De toute façon, un de ces jours, on passera à une diffusion 24 heures sur 24, c’est sûr. Et pourquoi pas en national… » D’ici là, Noureddine Boutar réserve deux surprises à ses auditeurs : un nouvel habillage sonore et un site Web, histoire d’ouvrir encore un peu plus sa radio aux Tunisois.
