Salam aleïkoum, je suis chinois !

Publié le 7 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Entre Bruxelles et Amsterdam, on parle souvent des Marocains, parfois des Turcs, de temps en temps des Antillais. Pour de mauvaises raisons, hélas ! Il y a la délinquance des jeunes, les difficultés d’intégration des moins jeunes, la résurgence de l’islamisme, etc. Chaque communauté étrangère défraye régulièrement la chronique. Chaque communauté, sauf la chinoise. Et pourtant, des fils du Ciel, il y en a beaucoup. On n’en est pas à chanter « 300 millions de Chinois, et moi, et moi, et moi », mais leur nombre s’accroît sans cesse. On ne parle jamais des jeunes Chinois, nés ici, qui maîtrisent parfaitement les deux langues et les deux cultures. Ils n’embêtent personne, ne forment pas de gangs, ne se promènent pas en tchamir ni en burquah. Qu’on ne parle pas d’eux, ça commence à les vexer. Disons que ça en vexe quelques-uns, en pleine crise d’adolescence et qui voudraient bien qu’on les remarque. Mais comment ?

Eh bien, c’est simple. Vous savez à quel point la jeunesse est conformiste ? Eh bien, nos jeunes Chinois en quête de rébellion ont trouvé leurs modèles : ce sont les adolescents marocains en rupture de ban. C’est ainsi que j’ai eu la surprise d’entendre deux sosies de Jackie Chan s’apostropher ainsi dans le métro :
– Agi, agi, criait l’un.
– lach ? demandait l’autre.
Il paraît que c’est devenu très « tendance » de mêler quelques mots de marocain dans la conversation, à Amsterdam, et même dans le Chinatown d’Amsterdam. Ça fait « dur », ça fait affranchi. Pour moi, c’est surtout bizarre de se voir dévisager par un cousin de Bruce Lee qui vous demande, si vous ne baissez pas le regard :
– Malek ?

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Quelque part, ça fait plaisir de se voir imiter. Ne dit-on pas que l’imitation est la forme la plus sincère de la flatterie ? Mais il faut se méfier. Les Chinois sont imbattables à ce jeu, on le sait maintenant qu’ils déversent des tombereaux entiers de friperie et de bidules électroniques dans tous les ports du monde. Si les jeunes Chinois d’Amsterdam se mettent à imiter les jeunes Marocains, qui nous dit qu’ils ne vont pas bientôt découvrir notre cuisine et notre artisanat ? Dans quelques années, ces pseudo-délinquants, qui rentrent tranquillement chez papa-maman le soir, auront tous leur propre business. Avec les mots de marocain qu’ils ont appris et les fières attitudes des Rifains qu’ils ont copiées, ils n’auront aucun mal à monter des restaurants marocains plus vrais que vrai ou à se lancer dans la décoration Moroccan chic qui fait, paraît-il, des ravages dans le monde entier. Les studios de danse du ventre seront envahis par de petites Asiatiques aussi souples – sinon plus – que des Maghrébines. Bientôt ce sont elles qu’on verra envahir les cabarets les plus huppés.
Que nous restera-t-il à ce moment-là ? Devrons-nous nous lancer dans la délinquance pour récupérer ce que les Chinois nous auront piqué ? C’est un cercle vicieux !

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