Protais Musoni

Ministre de l’Administration locale

Publié le 7 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Que son air professoral et son verbe pédagogique ne vous trompent pas. L’homme est plus politique que technocrate. Protais Musoni, ministre de l’Administration locale, de la Bonne Gouvernance, du Développement communautaire et des Affaires sociales (c’est l’intitulé complet de son portefeuille) est un « historique ». Né en 1954, à Muhura, dans la région de Byumba, il vit en exil au Kenya quand il accède, à l’âge de 29 ans, à la présidence régionale du Rwandese Alliance for National Unity (Ranu). Il en devient le secrétaire général en 1985, quelques mois avant que le Ranu ne se transforme en Front patriotique rwandais (FPR), dont il devient vice-secrétaire général avant d’en être le coordinateur. Diplômé en maths, physique et chimie, puis en ingénierie mécanique à l’université Makerere de Kampala, il est nommé préfet à Kibongo, au lendemain de la chute du régime de Juvénal Habyarimana. C’est cette expérience dans l’administration qui le mène vers le projet de décentralisation. « Avant d’effectuer la moindre dépense, je devais me déplacer à Kigali pour obtenir une autorisation. De toutes nos contraintes, il fallait lever celle provoquée par la bureaucratie. » Entre 1996 et 1997, il sillonne le pays pour recenser les besoins en matière de gouvernance des petites gens des collines. Il collecte les souhaits et relève les anachronismes de l’administration en place. Il élabore un projet de décentralisation en trois étapes. La première débute avec les élections locales de 2001 et s’est achevée avec la fin du mandat des élus. La deuxième a commencé avec l’année 2006 par une forte réduction du nombre des structures locales avec des pouvoirs élargis et des prérogatives plus importantes. « En 2015, date du lancement de la troisième étape, nous aurons totalement inversé la pyramide institutionnelle. »

Et comme pour tout ce qu’entreprennent les autorités en matière stratégique, le projet de décentralisation initié par Protais Musoni est soumis à l’évaluation publique, le plus souvent confié à des cabinets d’audit réputés ou à des universités internationales reconnues. Durant ces séances publiques, critiques et observations se succèdent. Enfin, pour effectuer le travail le plus efficace possible, Musoni entend « répartir les ressources humaines disponibles équitablement entre les différentes provinces ». Ainsi, il y aura au moins un ou une universitaire associé à la gestion des 2 147 cellules que compte le Rwanda.
La décentralisation selon Protais Musoni ? « C’est la généralisation de la pratique démocratique quotidienne orientée vers un souci permanent de développement économique et une lutte efficace contre la pauvreté. » Mais le ministre ne semble pas vouloir en rester là. « Dans moins d’une décennie, les provinces seront à leur tour dissoutes. Les districts et leur gouvernement pourront se passer d’une structure intermédiaire entre elles et le gouvernement central. »

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