Hauwa Ibrahim

Publié le 7 mars 2006 Lecture : 1 minute.

Le regard calme, un sourire en demi-teinte, Me Hauwa Ibrahim, 37 ans, est une petite femme toute simple, presque timide. Mais sa poignée de main, ferme et chaleureuse, révèle la volonté inébranlable qui se tient cachée sous le voile islamique. Native de l’État de Gombe, dans le nord-est du Nigeria, dans un village de 2 000 habitants, promise à un mariage arrangé pour le jour de ses 12 ans, son destin aurait pu être semblable à celui de nombre de ses compatriotes. Mais son opiniâtreté a eu raison de tous les obstacles. Devenue avocate d’affaires, elle a un jour accepté de plaider pour l’une de ses surs, condamnée au fouet par la charia pour une affaire d’adultère. Depuis, elle se consacre à défendre les femmes musulmanes contre l’intégrisme religieux.
Me Ibrahim s’efforce de ne jamais porter les procès devant les cours d’appel fédérales, qui déclareraient les jugements anticonstitutionnels ou en contradiction avec les droits élémentaires de la personne humaine. Elle argumente sur des points de procédure, comme le droit des accusées à avoir un représentant légal. C’est précisément ce qui fait avancer la cause des femmes dans la partie musulmane du Nigeria. Interrogée sur les risques d’une telle stratégie, qui signifie implicitement une validation des châtiments corporels, Hauwa Ibrahim réplique qu’elle n’approuve pas les excès de la loi coranique, mais tente au contraire de la faire progresser en la mettant, par la jurisprudence, en conformité avec les droits de l’homme. Son action sur le terrain, respectueuse de la coutume qui veut, par exemple, qu’elle ne plaide pas en personne mais par l’intermédiaire d’un homme, lui a fait gagner des affaires retentissantes. Elle a reçu le prix Sakharov 2005 pour la liberté de l’esprit.

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