Hamadi Jebali : « Les Tunisiens doivent se rassembler »

Publié le 7 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Il est l’un des dirigeants islamistes tunisiens les plus modérés. Ingénieur thermique – c’est un spécialiste des énergies solaire et éolienne -, Hamadi Jebali (57 ans) dirigeait parallèlement la rédaction d’Al-Fajr, l’hebdomadaire du mouvement Ennahdha, et siégeait au bureau exécutif. À l’époque (1988-1990), les activités du parti islamiste étaient tolérées par le gouvernement À la suite de la publication d’un article jugé diffamatoire, il est arrêté en janvier 1991 et condamné à un an d’emprisonnement. Au cours d’un procès retentissant durant l’été 1992, il est à nouveau condamné, avec tous les dirigeants du mouvement, pour « complot visant à changer la nature de l’État ». Cette fois, la peine est lourde : seize ans ferme. Au cours de sa détention, il fréquentera successivement sept établissements pénitentiaires, le dernier, à partir d’avril 2005, étant celui de Mahdia. Libéré le 25 février avec plusieurs dizaines de ses camarades, Jebali s’est établi à Sousse, sa ville natale. Interview.
Jeune Afrique : Comment vous sentez-vous ?
Hamadi Jebali : Comme quelqu’un qui a passé seize années en prison et qui vient de retrouver les siens. C’est un beau moment. J’ai trois filles que j’ai quittées quand elles étaient petites. L’une avait 2 ans et demi, elle en a aujourd’hui 18
Et politiquement ?
[Soupir.] Mon sentiment est que notre libération est un pas en avant, qui, si Dieu le veut, sera suivi d’autres pas.
Par exemple ?
L’élargissement de ceux qui restent en prison. Ma conviction est que leur libération est dans l’intérêt du pays. Et que d’autres pas seront prochainement faits pour permettre, enfin, de clore ce dossier.
Est-ce un souhait ou une certitude ?
Je n’ai pas d’informations particulières, mais c’est une lecture imposée par la réalité.
Qu’allez-vous faire maintenant ?
Je vais me consacrer aux miens, reprendre mon souffle Et puis, je vais essayer de comprendre ce qui s’est passé
Êtes-vous favorable à la réconciliation ?
C’est une impérieuse nécessité. Et pas seulement la réconciliation entre les islamistes et le pouvoir, mais la réconciliation générale.Nous n’avons pas de pétrole et pas beaucoup de ressources naturelles. Nous n’avons que des ressources humaines qui doivent être mobilisées avec la plus grande efficacité possible. Les Tunisiens doivent se rassembler pour faire face aux défis de la mondialisation, qu’il s’agisse des grands regroupements régionaux, des intérêts contradictoires des uns et des autres ou de la levée des barrières douanières, en 2008, dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union européenne. Ce sont là les vraies questions qui se posent à la Tunisie. Malheureusement, certains s’obstinent à nous traiter de « terroristes », alors que nous devrions, tous ensemble, regarder vers l’avant.

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