Fièvre à chikungunya : ce qu’il faut savoir

Publié le 7 mars 2006 Lecture : 3 minutes.

Parmi les milliers de virus connus, le virus chikungunya (chika) appartient, avec une vingtaine de congénères, à un groupe (les alphavirus) sévissant dans presque toutes les parties du monde. Ils sont transmis d’homme à homme par des moustiques. Pour certains d’entre eux, on a pu montrer que des espèces animales constituaient un réservoir de virus. Pour le virus chika, dont la présence en Afrique tropicale est connue depuis 1952, ce réservoir serait fait de différentes espèces de singes. Ce virus provoque à la Réunion sa première grande épidémie.
Le début de la maladie survient après une incubation courte de deux à trois jours, mais pouvant se prolonger jusqu’à douze jours. Les signes apparaissent brutalement. La fièvre atteint 39-40 °C. Elle est associée à de violents maux de tête et à des convulsions chez les enfants. Une éruption cutanée est fréquente. Des douleurs articulaires intenses et diffuses caractérisent l’infection (en langue swahilie, chikungunya signifierait « qui marche plié en deux »). Outre ces formes classiques, il existe des formes mineures parfois limitées à une fièvre, des courbatures et une fatigue générale.
L’évolution de la maladie se fait quasiment toujours vers la guérison en quelques jours, à l’exception de rares complications encéphaliques. Mais les douleurs articulaires peuvent devenir chroniques et durer plusieurs années. On a observé à la Réunion qu’une transmission serait possible de la mère à l’enfant, en fin de grossesse, avec risque d’encéphalite pour le nourrisson.
La fièvre à chika peut être confondue avec d’autres fièvres. La crise de paludisme, à son début, peut ressembler à une virose, mais le diagnostic biologique en est simple et facile à réaliser. La dengue est une autre arbovirose beaucoup plus fréquente que la fièvre à chika. Elle est souvent bénigne, mais il existe des dengues hémorragiques ou associées à des syndromes de choc, parfois mortelles. Au cours d’une même épidémie, le virus chika et celui de la dengue peuvent coexister, ce qui peut entraîner des confusions diagnostiques : seul un laboratoire spécialisé peut identifier le virus.
La fièvre à chika et la dengue sont toutes deux véhiculées par des moustiques du genre Aedes dont le principal est Aedes egypti. Il s’agit d’un moustique domestique, urbain, très répandu. On le trouve dans les coins sombres des maisons. Il pond dans tous les récipients contenant de l’eau relativement propre : boîtes de conserve, récipients en plastique, vieux pneus, troncs d’arbres, pots de fleurs, plantes à feuilles engainantes (arbre du voyageur), etc. Dans ces gîtes, on trouve des milliers de larves plus faciles à atteindre que des milliers de moustiques volants.
Lutter contre la fièvre à chika consiste avant tout à supprimer les gîtes de ponte et, d’autre part, à pulvériser des insecticides autour et à l’intérieur des maisons. Ces mesures ne doivent pas s’appliquer seulement en période d’épidémie, mais en permanence, puisque la survie des moustiques et de la maladie en dépend. C’est dire que des mesures communautaires sont nécessaires, mais surtout des précautions individuelles pour supprimer les gîtes d’eaux stagnantes dans et autour des habitations. Observons que lutter contre Aedes egypti, c’est aussi prévenir la fièvre jaune urbaine transmise par le même moustique. C’est aussi lutter contre le paludisme transmis par un autre moustique.
Le traitement de la fièvre à chika est symptomatique. Son but est de faire baisser la température et de calmer les douleurs. Aucun médicament antiviral efficace ni aucun vaccin ne sont disponibles à ce jour. Les personnes ayant eu la maladie restent immunisées.

Cet article a bénéficié des conseils du professeur Claude Chastel (virologue tropical, faculté de médecine de Brest) et de Marc Grandadam (Laboratoire des arbovirus, institut de médecine tropicale du Pharo, Marseille).

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