Armes à crédit
Qui n’a entendu parler du déficit budgétaire de la France et de l’endettement qui en résulte ? Les journaux en ont traité longuement. Les experts consultés ont averti que les limites avaient été dépassées et le ministre de l’Économie et des Finances lui-même a déclaré que son pays vivait au-dessus de ses moyens.
De quoi s’agit-il au juste ?
Depuis un bon quart de siècle, les gouvernements français successifs, de droite et de gauche, présentent au Parlement – qui les vote, sans états d’âme – des budgets déficitaires. Ces dernières années, le déficit a atteint, puis dépassé, le taux de 3 % du PIB autorisé par le Pacte européen de stabilité, que la France a signé et ne respecte donc pas.
Il en va de même pour l’endettement de l’État qui en résulte : il a crevé le plafond de 60 % du PIB autorisé par le même pacte, s’approche de 70 %, atteindra et dépassera même 100 % si des mesures draconiennes ne sont pas prises, sans plus de délai.
Pour l’État français, tout se passe comme si ses recettes budgétaires annuelles couvraient dix mois de fonctionnement, les deux derniers mois de l’année étant assurés par des traites sur l’avenir.
Pour les Français, cela signifie qu’ils laissent à leurs enfants la lourde charge de payer demain les dettes qu’ils accumulent depuis un quart de siècle.
Il en va de même pour les États-Unis depuis le début de ce siècle : sous George W. Bush, et guerre contre le terrorisme oblige, le budget fédéral accuse un déficit de plus en plus important : il est passé de 40 milliards de dollars en 2001, soit 0,4 % du PIB, c’est-à-dire presque rien, à 507 milliards de dollars, soit 4,1 % du PIB, en 2005.
En cinq ans, il a donc été multiplié par plus de douze !
Vous vous demandez pourquoi j’aborde ce sujet. J’y arrive et, vous allez le voir, le déséquilibre dont il s’agit cache (mal) une réalité inquiétante.
Pour chacun de ces deux grands pays, je me suis amusé à comparer les chiffres du déficit budgétaire aux dépenses militaires et, sans surprise, j’ai découvert une vraie corrélation : la France et les États-Unis consacrent à leurs armées des montants sensiblement équivalents aux déficits de leurs budgets.
Autrement dit, la France et les États-Unis financent l’intégralité de leurs dépenses militaires par de l’argent emprunté (en grande partie à l’étranger).
Considérez les chiffres pour l’année 2005 :
États-Unis : budget de défense : 498 milliards ?de dollars ; déficit budgétaire : 507 milliards de dollars.
France : budget de défense : 46 milliards d’euros ; déficit budgétaire : 44 milliards d’euros.
Il faut être riche, puissant et pas très bien gouverné pour se permettre pareille extravagance.
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