« Qu’attendez-vous pour nous aider ? »

Sécurité, justice, corruption, misère… Au risque parfois de surprendre, le chef de l’État centrafricain dresse de son pays sinistré un diagnostic sans concession, désigne ceux qui l’ont consciencieusement détruit. Et s’impatiente devant les tergiversati

Publié le 6 février 2006 Lecture : 14 minutes.

Dix millions de dollars et un satisfecit du FMI, du genre « efforts louables mais peut toujours mieux faire » : une goutte d’eau pour les besoins de ce pays sinistré, mais un petit événement quand on sait que la Centrafrique était au ban des institutions de Bretton Woods depuis plus de cinq ans. En apprenant la nouvelle, lundi 30 janvier, le président François Bozizé, 60 ans, a dû se dire que ses efforts et ceux de ses concitoyens commençaient à payer – dans tous les sens du terme. Lui qui estime à 100 millions d’euros par an pendant cinq ans le financement extérieur nécessaire pour que son pays puisse enfin sortir de l’ornière sait que le chemin est long, mais, à la différence de ses prédécesseurs, on lui fera crédit de poser le bon diagnostic. Il ne sert à rien d’apporter des solutions politiques à des maux économiques, à rien d’échafauder des rêves de grandeur et de tenir aux Centrafricains un langage démagogique, à rien de faire croire aux fonctionnaires qu’ils feront l’économie d’une douloureuse remise en question de leur statut et de leur répartition géographique – 90 % d’entre eux vivent à Bangui, l’intérieur du pays étant totalement sous-administré -, à rien d’espérer attirer des investisseurs tant que le service de la dette représentera 500 % des exportations et que les infrastructures élémentaires demeureront dans l’état où elles sont
Ce langage de vérité, François Bozizé, général putschiste en mars 2003 et président démocratiquement élu depuis un peu moins d’un an, le tient chaque jour ou presque aux quatre millions de Centrafricains. Certes, les failles de cet État balbutiant, consciencieusement détruit par une génération de politiciens et de militaires, sont encore béantes. Leurs noms : sécurité, justice, sens de l’État, corruption, misère. Au moins sont-elles identifiées, nommées et, pour certaines, combattues. Au cours de l’entretien qui suit, recueilli en tête à tête et à une heure avancée de la nuit, fin janvier à Bangui, Bozizé s’exprime sans fard – au risque parfois de surprendre – et avec une obsession permanente. Que la Centrafrique ne soit plus oubliée de Dieu et des hommes.

Jeune Afrique/l’intelligent : Les Centrafricains attendaient beaucoup de votre élection. Huit mois plus tard, qu’avez-vous tenu de vos promesses ?
François Bozizé : Soyons réalistes. Il est encore trop tôt pour répondre à cette question, sauf à la replacer dans une perspective plus longue : ce qui a changé depuis mars 2003, date de la libération de Bangui. Retour progressif de la confiance et de la sécurité, retour à la légalité constitutionnelle, élections démocratiques : les acquis ne sont pas minces. Nous nous battons maintenant pour que l’économie reparte.
Vos compatriotes sont à la fois impatients et sceptiques. On leur a tant promis depuis des décennies. Les comprenez-vous ?
Bien sûr. Mais je crois que nombreux sont parmi eux ceux qui reconnaissent et nos efforts et les difficultés auxquelles nous nous heurtons. Certes, vous aurez toujours une poignée de politiciens et d’agitateurs irresponsables pour dire que Bozizé est la source de tous les problèmes de ce pays, mais nul ne les écoute. Les Centrafricains savent très bien que Bozizé travaille avec tout le monde, sans exclusive, et que tout ce qui peut être fait est fait.
Après les graves inondations qu’a connues le pays il y a quelques mois, vous avez dénoncé en termes très vifs l’indifférence de la communauté internationale vis-à-vis de la Centrafrique. Est-ce toujours votre sentiment ?
La communauté internationale nous observe et ne nous soutient que du bout des doigts. Aux conditions succèdent d’autres conditions. Chaque fois que nous croyons avoir réuni les critères pour obtenir de l’aide, d’autres surgissent, imprévus. C’est épuisant. Cela dit, il en faut plus pour nous décourager. Si nous voulons que la Centrafrique marche de nouveau sur ses deux jambes, cette aide nous est indispensable. Nous avons épuré la fonction publique, suspendu des ministres, amélioré le recouvrement des recettes de l’État par la mise en place d’un guichet unique au niveau du port de Douala par où transite la quasi-totalité de nos importations, lutté contre la corruption, renforcé l’appareil judiciaire. Je ne vois vraiment pas ce qu’on peut exiger de plus.
Depuis le 1er janvier et jusqu’au 1er avril, vous avez décidé de gouverner par ordonnances. Pourquoi cette mesure expéditive ?
Parce qu’il faut aller vite et que certains textes nous empêchent d’aller de l’avant, notamment dans les domaines de la sécurité, des finances et de la fonction publique. J’ai voulu faire sauter ces obstacles juridiques et bureaucratiques afin que le FMI et la Banque mondiale n’aient aucun prétexte.
Votre nouveau Premier ministre, Elie Dotté, est un spécialiste du développement qui a fait sa carrière au sein de la BAD. Avoir vécu pendant près de trente ans à l’extérieur du pays, ne constitue-t-il pas un sérieux handicap ?
C’est surtout un gros avantage. Le Premier ministre a un regard neuf, il n’est pas mêlé à nos querelles intestines, il a la volonté et le sens de sa mission. Il peut donc travailler et uniquement travailler. Pour le reste, je suis là pour l’aider.
Comment en finir avec cette image pénible d’un État contraint en permanence de tendre la main pour subvenir à ses besoins élémentaires ?
Le travail, rien que le travail : kwa na kwa en sangho – c’était d’ailleurs mon slogan de campagne. S’organiser et travailler, c’est ce qu’ont fait en Afrique des pays comme le Burkina Faso, le Rwanda ou le Mali. À nous de retenir les leçons. Il faut aussi nous entendre entre nous et que l’intelligentsia centrafricaine change de comportement. Qu’elle se soucie un peu plus de l’avenir de ce pays et un peu moins de critiquer pour critiquer.
Et les syndicats ?
J’ai reçu les leaders syndicaux, particulièrement ceux de l’Éducation nationale, au cours d’une audience radiotélévisée. Je leur ai dit ceci : « Donnez-moi une bonne raison pour laquelle vous sanctionnez des générations de jeunes en les condamnant aux années blanches à répétition. Si vous pensez qu’il y a dans ce pays de l’argent caché quelque part, dites-le-moi et nous irons ensemble le chercher : nous en avons tous un besoin urgent. Sinon, reprenez le travail. » Deux jours après cette audience, la grève cessait.
Outre le diamant – dans l’exploitation duquel vient de s’engager la major sud-africaine De Beers – l’uranium, l’or, le bois et quelques autres matières premières, la Centrafrique recèlerait du pétrole dans sa partie nord-ouest. Où en est-on de ce dossier ?Depuis les forages prometteurs réalisés par Conoco en 1979, rien ou presque n’a progressé. Nous savons qu’il y a du pétrole, c’est tout. Le régime Patassé a certes accordé à la compagnie américaine Grynberg, dans des conditions opaques, un permis d’exploration sur tout le Nord-Ouest, mais cet accord est arrivé à expiration fin novembre 2004, sans que Grynberg ait démarré la moindre activité. J’ai rencontré les dirigeants de cette société en septembre 2005 à New York, et nous nous sommes mis d’accord pour que nos techniciens examinent en détail les tenants et aboutissants de ce permis – lequel n’avait même pas été traduit en français. Depuis, et sans que nous sachions très bien pourquoi, Grynberg a intenté un procès à l’État centrafricain. Nous en sommes là.
D’autres sociétés vous ont-elles approché ?
Tout à fait. Des Russes, des Chinois, des Malaisiens, des Libyens, etc. Mais tant que l’hypothèque Grynberg n’est pas levée, il est difficile d’aller plus loin. Et puis, ce n’est pas mon genre de bercer les Centrafricains avec des perspectives à long terme. Pour l’instant, le pétrole n’existe pas. Nous verrons bien s’il jaillit un jour.
Quel est le niveau de sécurité, à Bangui et dans le pays ?
Je dirai qu’il est de l’ordre de 90 % dans la capitale et de 80 % sur l’ensemble du territoire. Bangui est plus sûre que bien des métropoles de la région.
Tout de même : il y a eu, début janvier, de graves incidents dans le 4e arrondissement de Bangui. Rixe entre militaires, émeute à l’issue des obsèques de l’un d’entre eux, morts et blessés. Quelle est votre lecture de ces événements ?
Cela relève du fait divers manipulé. Une querelle de bar pour une affaire privée, qui dégénère en règlement de comptes. Ni plus, ni moins.
Pourquoi le domicile de l’ancien président du Parlement de transition, Nicolas Tiangaye, a-t-il été saccagé ?
Pur dommage collatéral. L’un des militaires impliqués était son garde du corps et des voyous en ont profité pour aller piller. Me Tiangaye n’était en aucun cas visé. J’ai ordonné un rapport précis sur les dégâts afin qu’on l’indemnise.
Reste que cela pose le problème de ce qu’on appelle les libérateurs, ces éléments armés qui vous ont aidé à prendre le pouvoir et qui commettent parfois des exactions dans Bangui
Ce type de phénomène est inévitable dans les situations d’après-guerre. L’important est de réagir afin que l’impunité ne s’instaure pas. C’est ce que j’ai fait. J’ai sanctionné, via les tribunaux militaires ou ordinaires. L’ex-lieutenant Dogo par exemple, que beaucoup de gens mettaient à l’index, a été radié et renvoyé dans ses foyers. Il n’est pas le seul. Quant à l’affaire que vous venez d’évoquer, elle aura évidemment des suites judiciaires1.
Autre problème d’insécurité, celui posé par l’apparition de Fronts politico-militaires de rébellion dans le Nord-Ouest, non loin de la frontière tchadienne. Cela vous inquiète ?Notre armée ne les a pas encore rencontrés sur le terrain mais, s’ils se manifestent, nous les combattrons.
Sont-ils soutenus par un pays voisin ?
Pas à ma connaissance.
Y a-t-il une relation entre ces Fronts et l’opposition politique centrafricaine ?
Laissons les choses apparaître d’elles-mêmes le moment venu. Si des politiciens se cachent derrière ces rebelles, ils se dévoileront tôt ou tard.
L’armée française intervient à vos côtés ?avec deux hélicoptères de transport. Participe-t-elle aux engagements ?
Non. Ces hélicos sont la concrétisation d’une promesse que m’avait faite le président Chirac il y a six mois. Ils transportent nos troupes afin de faciliter le harcèlement des bandes de coupeurs de routes. Ils sont là pour deux mois. Aucun soldat français ne participe aux combats.
Le plus médiatique de ces Fronts a pris une appellation très politique – l’Union des forces républicaines -, avec un objectif clair, votre renversement, et un chef connu, le lieutenant Florian Ndjadder, fils de l’ancien patron de la gendarmerie centrafricaine. Connaissez-vous ce jeune homme ?
Je connais son parcours. Il a été formé au Sénégal. Un an après notre arrivée au pouvoir et sans que nul ne l’inquiète, il a déserté mais s’est fait coincer alors qu’il cherchait à franchir la frontière avec le Cameroun. Ramené à Bangui par la gendarmerie, il a été condamné à neuf mois d’arrêts de forteresse. Une fois libéré, au lieu de réintégrer son corps d’origine, il a déserté de nouveau pour rejoindre la RD Congo.
Le climat de tension qui règne entre deux de vos voisins, le Tchad et le Soudan, ne risque-t-il pas de déstabiliser votre pays ?
Jusqu’ici, rien de tel. Mais cela nous inquiète, d’autant que nos relations avec ces deux pays frères sont bonnes.
Y a-t-il eu des incursions de rebelles soudanais ou tchadiens en Centrafrique ?
Quelques tentatives de part et d’autre. Mais nous les avons bloquées. Nous restons vigilants.
Quelles sont vos relations avec l’ancien président André Kolingba ? Il ne sort presque plus de sa résidence de Bangui, et son entourage assure qu’il se sent menacé.
Posez-lui la question. Moi, je ne menace personne. Je me suis même rendu à son domicile pour le rassurer. La mission de l’ONU et celle de la Cemac sont là en cas de besoin et je ne les ai jamais entendus dire quoi que ce soit à ce propos. Vous savez, le général Kolingba et moi, nous nous connaissons depuis longtemps. Il sait très bien que je ne nourris aucune intention hostile à son encontre.
Pourquoi n’avez-vous pas fait alliance pour le deuxième tour de l’élection présidentielle ?
Ses exigences étaient, disons, excessives. Décemment, je ne pouvais pas suivre. Il réclamait pour ses partisans une dizaine de portefeuilles ministériels sensibles, un tiers des postes de préfets, un tiers des ambassadeurs, des officiers choisis par lui dans tous les corps de l’armée et 6 ou 7 milliards de F CFA d’indemnités au titre de réparation. Où allais-je trouver tout ça ?
Que pensez-vous de votre ancien concurrent Martin Ziguélé ?
C’est quelqu’un de sérieux, qui a reconnu sa défaite et assisté à mon investiture. Je l’ai dit et je le redis : je suis prêt à travailler avec lui pour le pays, comme avec tous ceux qui font preuve de bonne volonté.
Pourtant, il n’hésite pas à vous critiquer.
C’est de bonne guerre. Il s’est éloigné du pays depuis huit mois et il faut bien qu’il entretienne la flamme de ses amis. Parfois, on critique aussi pour exister.
Et l’ex-président Patassé ?
Son cas est entre les mains de la justice. Ce monsieur est poursuivi en Centrafrique pour crimes économiques et nous avons déposé une plainte contre lui auprès de la Cour pénale internationale de La Haye pour crimes de sang.
Et s’il rentrait au pays ?
Cela dépend de lui. Mais je vous le répète : c’est une affaire qui concerne la justice.
Êtes-vous en contact avec Ange-Félix Patassé, ne serait-ce que de façon indirecte ?
Pour le moment, non. L’un de ses fils est venu à Bangui il y a quelques mois pour un séjour de deux semaines. Plus récemment, deux de ses filles ont accompagné jusqu’au village la dépouille de leur tante. Nul ne les a inquiétées.
Jean-Jacques Demafouth, ex-ministre de la Défense réfugié en France ?
Là encore, il existe contre lui un lourd dossier en justice : l’affaire dite de Kembe. Pour le reste, c’est un homme que je connais bien, que j’ai rencontré il y a quelques mois à Dakar et contre qui je n’ai rien de personnel.
L’ancien porte-parole de Patassé, Prosper Ndouba, qui anime depuis Paris un site Internet très critique à votre encontre, vient de publier un témoignage sur ses cinq semaines de captivité entre les mains de vos hommes, fin 2002 2. L’avez-vous lu ?
Pas encore. Je viens de le recevoir. Pour le reste, Ndouba nous étonne. À sa libération, il m’avait publiquement remercié pour l’avoir protégé pendant sa détention et pour avoir tout mis en uvre afin de garantir sa sécurité. Sa séquestration n’a d’ailleurs été ponctuée d’aucun mauvais traitement. J’ignore ce qu’il gagne à se montrer aussi agressif.
Peut-il revenir chez lui ?
Absolument. Il n’y a aucun dossier contre lui. Il peut rentrer à Bangui et faire de l’opposition ici, c’est son droit. Soyons clair : nul Centrafricain ne peut aujourd’hui se dire réfugié politique et il n’y a aucun détenu d’opinion dans nos prisons.
Il est arrivé pourtant que des journalistes se retrouvent derrière les barreaux
C’est autre chose. En Centrafrique, la presse est libre, mais quand on me traite d’escroc et de voleur, je réagis comme n’importe quel citoyen diffamé. Il y a un an, un journaliste s’est aventuré à écrire ce genre de chose. J’ai porté plainte. Incapable d’apporter la moindre preuve à ses allégations, il a été condamné. Je l’ai gracié au bout de trois mois.
Le dixième anniversaire du décès de l’ex-empereur Bokassa approche – ce sera le 3 novembre prochain. Faut-il l’oublier ou le réhabiliter ?
Écoutez, je constate que depuis sa chute, en 1979, la Centrafrique a connu vingt-cinq années d’errements et de régression. Nous n’avons pas encore remonté la pente. Cet anniversaire sera pour nous l’occasion de faire notre introspection et notre mea-culpa collectif. Tout ce qui a été créé et bâti ici, à peu de chose près, l’a été par cet homme. Pourquoi avons-nous été incapables de poursuivre son uvre ? C’est là une question qui nous concerne tous.
L’épidémie de sida est alarmante en Centrafrique, avec un taux de prévalence minimal de 15 %. Que faire ?
La situation est grave. Le taux que vous évoquez est le plus élevé de la région. Le Fonds mondial de lutte contre le sida a débloqué un budget pour nous aider à combattre ce fléau, mais le Pnud, qui est chargé de distribuer l’argent, ne le sort qu’au compte-gouttes, comme si c’était le sien. C’est inadmissible.
Tout est affaire de gros sous en Centrafrique
Dans un sens, oui. Sans un coup de fouet et une injection d’argent frais, nous n’y parviendrons pas. Je l’ai dit au président Chirac, je l’ai dit au président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, et au directeur général du FMI, Rodrigo de Rato. Injectez des fonds, envoyez vos propres techniciens pour les gérer et vous verrez les résultats. En six mois, nous décollerons. Ce peuple est travailleur et honnête. On ne peut pas condamner les quatre millions de Centrafricains à la misère perpétuelle. On ne peut pas exiger de nous des mesures draconiennes qui risquent de provoquer des émeutes sociales et nous refuser l’aide qui nous permettrait d’en atténuer les conséquences.
L’entourage des chefs est la source de bien des maux. Êtes-vous vigilant sur ce point ?Absolument, j’en suis conscient. Ni ma famille, au sens large, ni mes enfants, ni mon épouse ne sont mêlés aux affaires de l’État. J’y veille personnellement. Dès que je sens une velléité en ce sens, j’y mets le holà.
Pourtant, votre fils Francis occupe un poste sensible. Il est le directeur de cabinet du ministre de la Défense – lequel n’est autre que vous-même.
C’est exact. Mais il a les qualités professionnelles pour cela. Francis Bozizé a servi dans l’armée française et il a dirigé la rébellion quand j’étais encore en exil à Paris. C’est un garçon ouvert, modeste, discret et apprécié de tous.
Aimez-vous l’argent ?
À titre personnel, tout le monde vous dira que je me suis toujours contenté de ce que j’avais – et qui était parfois très peu. À titre professionnel, oui, je veux plus d’argent pour mon pays et mes compatriotes.
Avant d’accéder au pouvoir, vous aviez une activité religieuse. Vous avez même fondé votre propre Église, une branche locale du Christianisme céleste. Prêchez-vous encore ?J’ai effectivement fondé, avec des adeptes, deux ou trois paroisses de ce genre à Bangui. J’assiste toujours au culte chaque dimanche et parfois je le conduis. Mais sans plus. Vous imaginez bien que le temps me manque.
On vous dit aussi franc-maçon.
No comment.
Merci pour cet entretien, Monsieur le Président.
Non. Je voudrais ajouter quelque chose, en guise de conclusion. Je crois qu’il y a une injustice, un deux poids, deux mesures. Regardez le Liberia de madame Johnson-Sirleaf. À peine est-elle investie que le FMI, la Banque mondiale et tous les bien-pensants se précipitent pour régler ses dossiers financiers et accéder à ses demandes. Alors que nous, nous attendons depuis huit mois que l’on daigne examiner notre cas. Pourquoi ? Parce que nous sommes moins médiatiques ? Moins connus des Américains ? Moins présentables ? La Centrafrique a recouvré la légalité démocratique et constitutionnelle bien avant le Liberia et le Liberia passe avant la Centrafrique. Tant mieux pour le Liberia. Mais je ne saurais me résoudre à dire tant pis pour la Centrafrique. Nous méritons mieux. Il faut qu’on le sache et je le répéterai jusqu’à ce qu’on m’entende.

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1. Selon nos informations, les militaires impliqués ont été discrètement exfiltrés de Centrafrique et mis aux arrêts dans un camp de l’armée gabonaise, avec l’accord du président Bongo Ondimba, en attendant que la justice statue sur leur sort.
2. L’Otage du général rebelle François Bozizé parle, Prosper Ndouba, L’Harmattan, Paris, 180 pages, 16 euros.

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