L’or bleu

Publié le 6 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Une campagne médiatique fait grand bruit en France depuis une semaine. Dans le numéro de février de son magazine mensuel, UFC-Que choisir, l’une des plus importantes associations de consommateurs, dénonce des abus sur le prix de l’eau dans les grandes villes françaises, arguant que le précieux liquide est facturé « entre 1,5 et 2,5 fois plus cher que ce qu’il coûte ». Et l’organisme d’accuser les entreprises chargées de la distribution de l’eau et de son assainissement de réaliser « des profits inacceptables ». La critique n’étonnera guère les lecteurs de ce dossier, qui présente, dans les pages suivantes, des exemples similaires au Mali et au Gabon, où les sociétés privées en charge de la mise à disposition de l’eau ont été récemment montrées du doigt. A contrario, la privatisation en cours de la Société nationale des eaux du Cameroun (Snec) paraît plutôt ressentie comme une bonne nouvelle par les usagers.

Que les Français, ou leur supposé porte-parole, s’élèvent contre leur facture d’eau amène deux remarques. La première concerne la perception du prix par le consommateur. Il accepte de payer 1,30 euro le litre d’essence pour son automobile, ou 0,75 euro le litre d’eau minérale en bouteille et refuse de débourser 0,3 centime d’euro pour un litre d’eau tirée à l’un de ses robinets. Elle y est toujours disponible et lui est facturée, en moyenne, 3 euros le mètre cube. Il peut ainsi arroser son jardin, laver sa voiture et même se désaltérer. Pour résumer, un ménage français consacre 1 % de son budget à payer 1 euro par jour pour ce confort, et il rouspète. Que devraient dire les Africains qui vivent avec moins de 1 euro par jour, qui représentent 25 % à 60 % de la population, suivant les pays ?

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La seconde remarque sur cette question concerne le coût réel de l’eau. Alors qu’elle est toujours plus rare, comme le montre la première partie de ce dossier, comment se fait-il qu’elle ne soit pas plus chère ? Les cours du pétrole s’envolent, eux, dans la perspective plus ou moins lointaine du tarissement des réserves. Et l’on dépense des milliards de dollars pour en chercher toujours plus loin sous terre et sous la mer, pour construire des oléoducs et des supertankers pour le transporter jusqu’aux marchés qui le brûleront Alors que l’eau, pourtant indispensable source de vie, ne bénéficie que d’investissements beaucoup plus modestes qui ont, en outre, le don de déclencher la colère des consommateurs quand ils sont répercutés sur leurs factures ! Voilà résumée en quelques idées forces l’invraisemblable équation économique à laquelle sont confrontés les professionnels internationaux et les responsables africains réunis à Alger du 13 au 16 février pour le 13e congrès de l’Association africaine de l’eau. Ils doivent la résoudre et travailler à nous fournir, à nous et à nos industries, notre agriculture, toujours plus d’eau, de meilleure qualité et toujours moins chère ! Mesdames et Messieurs, bon courage.

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