Les arbres, cause de tous les maux ?

Publié le 6 février 2006 Lecture : 2 minutes.

La Kényane Wangari Maathaï s’est fendue début janvier d’un communiqué indiquant que la sécheresse est aggravée par la déforestation et plaidant pour la conservation et la restauration des forêts. Rien d’étonnant chez celle qui a reçu le prix Nobel de la paix 2004 pour avoir planté 30 millions d’arbres depuis 1979 avec son association « La ceinture verte ». Mais une étude parue le 23 décembre 2005 dans le magazine Science montre que cette solution ne coule pas de source. Après avoir effectué plus de 600 observations sur le terrain sur tous les continents, et créé une modélisation mathématique des scénarios, une équipe de dix scientifiques est parvenue à la conclusion que planter des arbres provoque un stress hydrique important. Autrement dit, cela assèche le sol, quel que soit l’âge de la plantation – les scientifiques ont étudié des forêts plantées il y a plus de vingt ans.
Les cours d’eau avoisinant perdent en moyenne 52 % de leur débit moyen annuel et 13 % d’entre eux disparaissent totalement sur une période d’au moins un an. En comparaison de sols voisins couverts d’herbes ou de buissons, le sol des forêts est plus sec car les arbres retiennent 20 % de pluie en plus. Parallèlement, aucune augmentation des précipitations n’est constatée. Certaines espèces végétales, comme les pins et les eucalyptus, sont particulièrement gourmandes en eau et peuvent jouer un rôle aggravant en période de sécheresse. De plus, les arbres puisent plus de nutriments dans le sol, dont ils augmentent l’acidité et la salinité. S’ajoutent à ce surprenant panorama les conclusions d’une enquête menée par le très réputé institut Max-Planck d’Heidelberg, en Allemagne. Publiée dans le magazine Nature du 12 janvier, cette étude démontre que les végétaux émettent chaque année jusqu’à 100 millions de tonnes de méthane – un gaz à effet de serre -, soit 30 % du total rejeté dans l’atmosphère, juste derrière les terres humides mais devant les bovins (93 millions de tonnes). Les scientifiques qui ont participé à ces études restent prudents, mais ils estiment que les impacts négatifs des plantations sont avérés et devraient être pris en compte dans les calculs des systèmes d’équilibrages entre pays prévus par le protocole de Kyoto.

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