La BAD mobilisée

La Banque africaine de développement veut relever le défi des Objectifs du millénaire et sauver les pays jugés « hors course ».

Publié le 6 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Alimenter en eau potable plus d’un milliard et demi d’individus supplémentaires et offrir des installations sanitaires à quelque 2,2 milliards de personnes d’ici à 2015 : les objectifs « aquatiques » du Sommet du millénaire des Nations unies – fixés à New York et complétés à Johannesburg (voir encadré) – visent à réduire de moitié la part des exclus du robinet à travers le monde. Bien qu’elle dispose d’abondantes ressources alimentées par 17 grands fleuves et plus de 160 lacs importants, l’Afrique fait figure d’outsider mondial pour remplir l’ambitieux cahier des charges onusien. Elle ne parvient à utiliser que 3 % de son potentiel hydrique (agriculture, industrie, usage domestique). Conséquences : plus de 300 millions d’Africains n’ont toujours pas accès au précieux liquide et 14 pays du continent doivent composer avec les pénuries récurrentes (moins de 1 000 m3 d’eau par an et par habitant). En moyenne, 62 % des Africains ont accès à l’eau salubre, contre 82 % des habitants dans le reste du monde. Le retard est encore plus criant hors des villes : 47 % des gens de la campagne disposent d’eau courante, et moins de 45 % des ruraux ont accès aux réseaux d’assainissement.
Dans ce contexte, la réalisation des Objectifs du millénaire semble relever de la gageure. Selon Albert Wright, le coordinateur du groupe de travail de l’ONU sur l’eau et l’assainissement, la zone subsaharienne « abrite 19 des 30 pays considérés comme hors course ». Pour concrétiser les buts visés en 2015, il faudrait que la proportion d’accès à l’eau potable sur le continent soit triplée au cours des dix prochaines années et que celle des raccordements aux installations sanitaires soit multipliée par quatre sur la même période. Afin de rattraper ce retard, la Banque africaine de développement (BAD) a lancé en juillet 2004 un nouveau plan spécifiquement consacré à l’eau dans les campagnes. Baptisé Initiative sur l’approvisionnement en eau et l’assainissement en milieu rural (IAEAR), ce programme est destiné à fournir à quelque 300 millions de personnes un accès à l’eau potable et à l’assainissement à l’horizon 2015, soit un taux d’accès de 80 %, ensuite porté à 100 % en 2025.
Cette initiative, déjà en cours dans une dizaine de pays, compte mobiliser 15 milliards de dollars sur dix ans. Elle doit être financée à hauteur de 30 % par la BAD et de 20 % par les nations elles-mêmes, l’autre moitié devant provenir des donateurs et des bailleurs de fonds internationaux. Mais ces derniers contributeurs se font rares, en dépit de la tenue, à Paris, en mars 2005, d’une conférence euro-africaine spécialement organisée afin de battre le rappel. Car ce financement, étalé sur de longues années, devra aussi être adapté à l’ampleur des défis futurs. Dans les deux prochaines décennies, la consommation d’eau par individu augmentera de 40 %, et l’agriculture vivrière dans les pays en développement absorbera 17 % d’eau en plus.

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