Kamal Lahbib

Membre du comité de pilotage du Forum social maghrébin

Publié le 6 février 2006 Lecture : 3 minutes.

Militant de l’extrême gauche marocain et ancien prisonnier politique, Kamal Lahbib (56 ans) a été la cheville ouvrière de l’assemblée préparatoire au premier Forum social maghrébin (« FSMagh ») tenue à Bouznika (Maroc) du 27 au 29 janvier 2006. Il expose, ici, la génèse, la composition et les objectifs du FSMagh dont la première édition est prévue en mai 2007.

Jeune Afrique/L’intelligent : D’où est venue l’idée de lancer un Forum social maghrébin (« FSMagh ») ?
Kamal Lahbib : L’idée est née le 28 juillet 2004à Rabat. Elle a été alors lancée par des représentants de la société civile tunisienne et marocaine en marge des assises du second Forum social Maroc créé dans le sillage du premier Forum social mondial de Porto Alegre de 2001. Elle a vite reçu l’adhésion d’acteurs associatifs d’Algérie et de l’immigration maghrébine en europe occidentale. Plus tard, les Mauritaniens ont pris le train en marche.
La Libye, cinquième membre de l’Union du Maghreb arabe (UMA), n’est pas associée au projet ?
On ne peut que déplorer l’absence des Libyens, imputable à l’inexistence d’une société civile digne de ce nom dans ce pays. Cependant, nous allons tout faire pour obtenir leur participation au Forum l’année prochaine.
Pourquoi un FSMagh ?
Nous sommes partis d’un certain nombre de constats. Les peuples du Maghreb subissent de la même manière les effets néfastes de la mondialisation sauvage : aggravation des fractures sociales, détérioration des conditions de vie de la classe ouvrière, chômage de la jeunesse. Les Etats du Maghreb, qui s’insèrent aujourd’hui en rangs dispersés dans la mondialisation (accords de libre-échange avec l’Union européenne et les etats-Unis et projet du Grand Moyen-Orient), se sont révélés incapables de faire face à ces grands défis.
Notre démarche vise donc à réfléchir ensemble sur ces problématiques et à proposer des alternatives aux politiques suivies par nos gouvernements.
Vous voulez apparemment réhabiliter le « Maghreb des peuples »…
Tout à fait. Nous voulons relancer cette idée déjà illustrée par notre combat commun pour l’indépendance. Cela passe, à nos yeux, par la convergence et le partage d’expériences des mouvements sociaux et associatifs maghrébins.
Les acteurs associatifs maghrébins partagent-ils tous le même enthousiasme ?
Les faits le montrent. Lors de l’assemblée de Bouznika, les participants ont dépassé les quotas prévus ; chaque pays devait être représenté par 50 délégués, mais finalement nous nous sommes retrouvés avec 75 Algériens, 63 tunisiens et 52 Mauritaniens, sans parler des Marocains. Un réseau maghrébin des défenseurs des droits de l’homme a même été initié à cette occasion. Tous les thèmes du Forum (mondialisation, démocratie, conditions des femmes, émigration et conflits régionaux) ont été discutés dans une sérénité totale.
Même le conflit du Sahara occidental ?
Oui, il y avait même des Sarahouis, proches du Polisario, qui ont défendu la thèse de l’indépendance de ce territoire. D’autres ont soutenu le contraire, préférant rester dans la movance marocaine.
Mais finalement le Polisario n’a pas pu prendre part à la rencontre ?
Il ne le pouvait pas. La charte des forums sociaux exclut la participation des Etats, des groupes armés ou des partis politiques. Cela dit, certaines associations représentant les Sarahouis des camps de Tindouf en Algérie étaient invités à l’assemblée. Finalement, elles n’y ont pas pris part.
Le FSMagh est prévu en mai 2007, mais où ?
Trois parties ont proposé d’accueillir le forum : les Marocains, les Algérien et les Mauritaniens, qui mettent en avant la transition démocratique en cours dans leur pays. Le comité de pilotage du FSMagh tranchera prochainement sur la base de critères objectifs tenant compte des conditions politiques, mais aussi logistiques et organisationnelles dans les trois pays.

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