Gamal contre les Frères

En s’en prenant aux islamistes, le fils de Hosni Moubarak semble les désigner comme le principal obstacle à ses ambitions présidentielles.

Publié le 6 février 2006 Lecture : 2 minutes.

En dépit d’une rumeur persistante, qui le présente comme un candidat potentiel à la succession de son père à la tête de l’État égyptien, Gamal Moubarak, président de la « Commission des politiques » et, depuis le 31 janvier, adjoint au secrétaire général du Parti national démocratique (PND, au pouvoir), n’a pas « l’intention ou la volonté d’être candidat » à la présidentielle de 2011. C’est du moins ce qu’il a affirmé dans une série d’entretiens publiés, le mois dernier, par le journal gouvernemental Rose al-Youssef.
Les membres du mouvement Kefaya (« Ça suffit ! »), créé en décembre 2004, et tous ceux qui, comme eux, sont opposés à une « succession à la syrienne », sont-ils pour autant rassurés ? « S’il est aussi désintéressé par le pouvoir qu’il le prétend, pourquoi montre-t-il tant d’empressement à occuper la scène, non seulement en donnant son avis sur tous les problèmes du pays, mais en renforçant son contrôle sur les instances du PND et en se mêlant constamment des affaires du gouvernement, dont il a lui-même nommé l’essentiel des membres ? » disent les uns. « Aujourd’hui, il n’a peut-être pas l’intention ou la volonté d’être candidat [à la présidentielle de 2011]. Mais rien ne l’empêchera, demain, de changer d’avis », ajoutent d’autres.
« En s’en prenant aux Frères musulmans, qui essaient de contourner le consensus national sur l’interdiction des partis à base religieuse, ne désigne-t-il pas ces derniers, involontairement, comme le principal obstacle à ses ambitions politiques, surtout après la condamnation et l’emprisonnement, début janvier, d’Ayman Nour, leader du parti Al-Ghad (« Demain ») », renchérissent ses détracteurs.
À la vérité, Gamal n’a pas totalement tort. La loi égyptienne interdit la constitution de partis sur une base religieuse. Cela n’a pas empêché les Frères de conquérir, sous l’étiquette d’indépendants, 88 sièges au Parlement.
Gamal a raison de souligner que « les partis politiques et la société civile doivent trouver une réponse à la question de savoir comment traiter avec les Frères musulmans ». Il faudrait, en effet, ou bien changer la loi sur les partis afin de permettre aux islamistes de concourir à l’avenir dans un champ politique ouvert ou bien empêcher ces derniers d’investir les institutions de l’État en détournant la loi.
Dans son combat contre les Frères, Gamal cherche aussi à se rallier les partis d’opposition traditionnels, notamment Al-Wafd (libéral), Al-Tagammou (gauche) et Al-Arabi al-Nasseri (nationaliste arabe), qui ont été balayés par la déferlante islamiste lors des dernières législatives. Parions qu’il trouvera auprès d’eux un soutien à la mesure de leur désarroi actuel. De là à le croire lorsqu’il dit qu’il ne sera pas candidat en 2011…

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