Constat encourageant

Dans son rapport risque-pays 2006, l’agence française d’assurance-crédit sur les marchés à l’exportation juge le contexte africain « plus porteur ».

Publié le 7 février 2006 Lecture : 3 minutes.

« Oui, mais » Tel aurait pu être le verdict de la Coface, la société française d’assurance-crédit sur les marchés à l’exportation, qui, lors de sa grand-messe annuelle, le 24 janvier, a remis son « rapport risque-pays 2006 ». Dans les mots, ses conclusions à l’égard de l’Afrique subsaharienne sont plus optimistes qu’à l’accoutumée. Alors qu’en 2005 elle relevait « la forte vulnérabilité des entreprises à un environnement économique, financier et politique instable », elle juge cette année le contexte « plus porteur ». Mais le constat encourageant du « censeur » ne se traduit presque pas dans ses notations. Seuls quatre pays de la zone ont été reclassés vers le haut : Cameroun, Gabon, Mozambique et Zambie. Pour les trente-cinq autres, c’est la stagnation. Et, partant, pour l’Afrique subsaharienne en général aussi. En un an, la moyenne régionale n’a pas bougé. C’est toujours « B ».
Alors pourquoi parler d’embellie ? Force est de reconnaître d’abord que la hausse des cours du pétrole a permis aux pays producteurs de faire face à l’explosion des coûts de l’énergie, contrairement aux pays importateurs. Dans le cas de l’Angola, dont les exportations sont à 91 % composées d’or noir, la flambée a permis de constituer un stock important de devises et d’alléger le poids de la dette extérieure, passé de 55 % à 43 % du PIB entre 2004 et 2005. Le géant nigérian a, quant à lui, retiré 40 milliards de dollars de ses ventes de pétrole. Pourtant, ni Luanda ni Abuja n’ont vu leur note progresser, respectivement C et D.
La Coface estime qu’une bonne conjoncture sur les marchés de l’or noir ne suffit pas. Outre la grande dépendance énergétique qu’elle entraîne, elle ne parvient pas à contrebalancer certains risques durables : instabilité de l’environnement politique, tensions interethniques, mécontentement populaire face aux réformes structurelles L’annulation de 60 % de la dette nigériane par le Club de Paris, en octobre 2005, n’a même pas suffi, aux yeux de l’agence française, à rehausser le niveau du pays. Il est vrai que les toutes récentes attaques d’oléoducs dans le delta du Niger et la prise en otages d’employés de Shell ne sont pas de nature à rassurer les investisseurs.
Les pays qui ont progressé dans le classement sont en fait ceux qui ont tiré parti du contexte international favorable, tout en lui donnant une assise solide à l’intérieur de leurs frontières. La Zambie, passée de D à C, a profité des hauts niveaux des cours du cuivre, minerais et métaux comptant pour 64 % de ses exportations, mais aussi et surtout, note la Coface, « d’une stabilité politique interne et externe favorable à son développement ». Idem pour le Mozambique, passé de C à B, où le climat politique et les réformes structurelles ont attiré les capitaux étrangers. Quant au Gabon, c’est apparemment la diversification de son économie dans le secteur minier qui a incité la Coface à relever sa note de C à B. Le Cameroun, lui, passé d’un simple B à un B assorti d’un signal positif, a tiré avantage de l’embellie promise par l’atteinte du fameux point d’achèvement de l’initiative PPTE en juin prochain et de l’annulation consécutive d’une partie de sa dette.
Le moteur régional reste, sans surprise, l’Afrique du Sud, toujours notée A3. La nation Arc-en-ciel, qui contribue pour plus de 40 % au PIB de la zone, profite de la conjugaison de facteurs positifs : demande interne vigoureuse, rigueur budgétaire, leadership régional. Elle a enfin redoré son blason auprès des investisseurs étrangers, la Coface soulignant « la solvabilité des entreprises » et la « faible fréquence des incidents de paiement ». Mais Johannesburg n’est pas en tête du palmarès subsaharien. À ses côtés sur le rang A3 figurent Maurice et la Namibie. Et, comme l’année dernière, la première place est occupée par le Botswana, noté A2. Sa stabilité démocratique, ainsi que l’abondance de ses réserves en devises sont interprétées comme des gages de sécurité.
En Afrique du Nord, l’Algérie, notée B en 2005, a rejoint ses voisins dans le « clan » des A3. Le changement s’explique par une « conjoncture pétrolière extrêmement favorable, une politique économique rigoureuse et une gestion active de la dette extérieure ». L’accumulation des réserves de change permet aux investisseurs d’envisager l’avenir sereinement. La Libye reste au même niveau, C, car, en dépit de l’abondance des hydrocarbures, la politique économique demeure imprévisible et le cadre juridique et financier absent, pour ainsi dire. Décidément, le pétrole ne suffit pas.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires