Cette fois, c’est la bonne

Un an après avoir annoncé la privatisation de Cameroon Airlines, Yaoundé lance un appel d’offres international pour sélectionner un repreneur.

Publié le 6 février 2006 Lecture : 3 minutes.

Annoncée en février 2005, la cession de Cameroon Airlines se précise. Il est vrai que, cette fois, le gouvernement ne peut plus reculer. Déclaré il y a un an off-track (hors cadre) par les institutions de Bretton Woods, Yaoundé a renoué des relations plus cordiales avec le Fonds monétaire international (FMI) depuis le 24 octobre dernier. Et, aujourd’hui, le pays doit impérativement atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE avant la fin de 2006 pour bénéficier d’une annulation de 50 % de sa dette extérieure. Au préalable, le gouvernement devra avoir lancé un appel d’offres international pour sélectionner le repreneur de la Camair.
Dans un premier temps, une invitation à la préqualification a été publiée le 25 janvier par le ministère de l’Économie et des Finances. Ce qui signifie que les opérateurs intéressés, individuellement ou en partenariat dans le cadre d’un consortium, sont invités à présenter leurs références d’ici au 13 février. Il s’agit de recenser les soumissionnaires sur la base de leur expérience et d’évaluer leur aptitude à répondre aux exigences du processus de cession. Dans un deuxième temps, les candidats préqualifiés devront se soumettre à la procédure d’appel d’offres proprement dite.
La stratégie retenue est une scission-liquidation-privatisation. Il y aura en effet scission, c’est-à-dire séparation du patrimoine de la Camair, une partie étant vouée à la disparition, l’autre devant être transférée à la nouvelle compagnie. Parmi les actifs figurent surtout les droits de trafic sur les lignes internes et internationales, mais aussi des équipements dévolus à l’exploitation (comme des matériels d’assistance au sol). Il y a aura aussi liquidation parce que le passif de la Camair sera réglé par un liquidateur. Il y aura enfin privatisation parce que l’activité propre de Cameroon Airlines sera confiée à un partenaire stratégique. Celui-ci sera seul maître à bord. La répartition du capital prévoit une participation significative des privés camerounais à côté de l’actionnaire majoritaire (à hauteur de 51 %). Après l’adjudication de la Camair, les opérateurs nationaux pourront entrer dans le capital de la nouvelle compagnie. Tout comme le personnel, qui devrait pouvoir acquérir 5 % des parts. Reste à savoir qui sera l’élu. Les autorités ont précisé que le nouvel opérateur « devra avoir une expérience établie dans le transport aérien ». C’est donc un repreneur expérimenté qu’il faut rechercher. Depuis le lancement du processus de restructuration de la Camair il y a un an, seules Kenya Airways et Royal Air Maroc (RAM) ont manifesté un certain intérêt pour la compagnie. Outre ces deux transporteurs, South African Airlines se serait tenue régulièrement informée de la procédure en cours.
Mais la mauvaise réputation de la Camair a de quoi refroidir les plus enthousiastes. Criblée de dettes, interdite d’escale en France en septembre dernier pour des « raisons de sécurité », dotée d’effectifs pléthoriques (en cours de restructuration), la compagnie n’est pas vraiment sexy. En fait, sur les trois démarches mentionnées, c’est celle de la RAM qui semble la plus crédible. Après avoir tenté de s’imposer comme partenaire technique de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) pour la création d’une compagnie sous-régionale, le pavillon marocain a opté pour une approche nationale. Ainsi, le 29 décembre, il a pris le contrôle d’Air Gabon, rebaptisée Air Gabon International (AGI), dont le capital est détenu par la RAM à hauteur de 51 %, l’État gabonais en conservant 49 %. En reprenant les droits de trafic aérien de l’État camerounais, la RAM serait alors susceptible de compléter son maillage sur l’Afrique francophone et réaliser des économies d’échelle. La vitalité du transport aérien au Cameroun et la vocation de hub sous-régional de Douala devrait encourager ses démarches. D’autant que Camair devra avoir été vendue au plus tard en mai. Pressés par le temps, les pouvoirs publics ne pourront pas vraiment faire la fine bouche…

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