Au-delà du fleuve

L’histoire d’un homme qui quitte son pays en proie à la guerre civile. Un pays qui n’est pas sans rappeler celui de l’auteur, la République du Congo.

Publié le 6 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Il n’est pas courant qu’un responsable politique ose plonger sa plume dans l’histoire récente de son propre pays. C’est pourtant la dernière proposition faite par Henri Djombo, ministre congolais de l’Économie forestière, avec son quatrième ouvrage, La Traversée. Un roman à clé, même si tout le monde reconnaîtra les événements et les protagonistes.
Un pays « tombé sur la tête » appelé Boniko sombre dans la guerre civile. La capitale Bocaville est dévastée tandis que les hommes en armes se déchaînent sur les civils. Polo, pourchassé et menacé par les hommes du président Maréchal, est contraint à l’exil. Il traverse, au péril de sa vie, le Kohé et part se réfugier au Binango « où il était possible de se régaler de Primus, la bière locale ». Mais, à défaut d’être accueilli comme il avait osé l’espérer, Polo est arrêté, avant d’être interrogé par les forces de sécurité, maltraité et torturé. De l’autre côté du fleuve, les combats font rage. Le sergent Nkolbi apporte au Maréchal l’adhésion des cantons ouest de la ville. Acculé, le commandant Akio se décide à répliquer. Son avancée est irrésistible. La déroute du Maréchal est totale.
« Les noms d’emprunt sont une précaution, mais je connais très bien Polo et chacun se reconnaîtra, avance Henri Djombo. C’est avant tout un roman qui véhicule un travail de mémoire afin de dénoncer les violences inhérentes à tout conflit. La guerre n’apporte que malheur et désolation. Mais mon roman propose aussi une porte de sortie et laisse de la place aux hommes de bonne volonté. Il y a une lueur d’espoir puisque, à la fin du livre, les énergies créatrices se libèrent pour reconstruire le pays malgré les affres du passé. »
Ministre le jour, écrivain la nuit, Henri Djombo « a peur du silence et de la solitude ». Ses « idées personnelles » agacent sans doute son milieu de politiciens, mais « le silence serait un renoncement et l’écriture permet de briser cette solitude ». « Dans mes romans, j’appelle tout le monde à agir. La trame romanesque n’est qu’un prétexte au sursaut. Il faut encourager les gens positifs, prêts à bâtir. Ils sont peu nombreux contrairement à ceux qui veulent manger, faire la fête ». Parole de connaisseur.
Le prochain roman d’Henri Djombo portera sur l’amour d’une femme. En attendant, le ministre compte s’attaquer à un sujet qui l’occupe la journée. « Un essai sur la gestion environnementale des forêts. » Une affaire de spécialiste.

La Traversée, d’Henri Djombo, Les Editions Hemar (B.P. 14545, Brazzaville, République du congo), 220 pages.

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