Tunisie : Nessma réduit la voilure
Malgré ses efforts, la chaîne Nessma, à vocation maghrébine, ne trouve pas encore son public en dehors de Tunisie. Mais il en faut plus pour décourager Tarak Ben Ammar, son principal actionnaire.
Sept ans après son lancement, le groupe audiovisuel tunisien Nessma devait réaliser ses premiers bénéfices en 2013. Las, l’exercice clos fin décembre 2013 s’est encore soldé par une perte, de 900 000 euros environ selon son principal promoteur, Tarak Ben Ammar. À ce jour, les actionnaires de Nessma (Ben Ammar avec 46 %, Mediaset 30 % et Nabil Karoui 24 %) ont investi plus de 50 millions d’euros – sans parvenir à l’équilibre.
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Pourtant, la chaîne a trouvé sa place dans le paysage tunisien, se classant troisième fin 2013 avec 21,3 % d’audience quotidienne, derrière la chaîne publique El Wataniya 1 et sa rivale privée Ettounsiya. À sa décharge, les conséquences de la révolution survenue il y a trois ans ne cessent de bouleverser les plans établis.
L’assassinat, en juillet 2013, du député Mohamed Brahmi, a déstabilisé le marché publicitaire
« Nous avions prévu de réaliser 2 millions d’euros de profit, mais l’assassinat, en juillet 2013, du député de l’opposition Mohamed Brahmi a complètement déstabilisé le marché publicitaire – en plein ramadan », explique Tarak Ben Ammar.
Or le mois saint peut représenter jusqu’à 70 % des recettes des chaînes en Tunisie. Selon une étude de la société de sondage Sigma, les investissements des annonceurs entre janvier et août 2013 à la télévision avaient baissé de 28 % par rapport à la même période l’année précédente.
Concurrence
Un coup dur pour Nessma, qui venait par ailleurs d’adopter une nouvelle stratégie. Le 22 avril 2013, le groupe a en effet lancé trois grilles de programmes afin de mieux toucher les différents publics maghrébins. La verte est destinée à l’Algérie, la rouge à la Tunisie et dans une moindre mesure à la Libye, et la bleue à la France. Cette tentative, si elle n’a pas tourné au fiasco, n’a pas rencontré le succès escompté. « En Algérie, nous avons investi environ 2,5 millions d’euros et nous sommes à l’équilibre », indique Tarak Ben Ammar.
Face à la concurrence – notamment de la part d’Ennahar TV, d’Echorouk TV et de Dzair TV -, Nessma n’a cependant pas trouvé son public et reconnaît vouloir réduire la voilure cette année. Fin décembre, le quotidien algérien L’Expression signalait d’ailleurs que plusieurs contrats de collaborateurs basés à Alger n’avaient pas été renouvelés. Mais il en faut plus pour décourager l’homme d’affaires.
Expansion
« L’an dernier, nous avons validé le concept Nessma en France. La chaîne est depuis disponible sur les bouquets de Free, d’Orange et de SFR. L’accueil est très bon », indique-t-il. La grille 2013 a coûté 1,3 million d’euros. Reste maintenant à entamer le travail de prospection publicitaire. Selon le patron, la régie de TF1 serait intéressée par le projet. « Il y a entre 6 et 7 millions de Maghrébins dans l’Hexagone et personne ne s’adresse à eux », constate Tarak Ben Ammar.
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Tunisie : Nessma TV change de modèle
Côté production, le Franco-Tunisien envisage dans un premier temps la création d’émissions de débat à l’occasion du ramadan. Via son bouquet de chaînes Dfree, l’homme d’affaires compte aussi diffuser Nessma en Italie : « Je possède le spectre de fréquences nécessaire. Il suffit de sous-titrer les programmes pour toucher les 2,5 millions de Maghrébins vivant dans la péninsule. » Nessma a-t-elle encore les moyens de ses ambitions ?
Pour Tarak Ben Ammar, cela ne fait aucun doute : « Lorsque j’ai acheté la chaîne égyptienne OnTV à Naguib Sawiris fin 2012, nous sommes convenus qu’il deviendrait actionnaire de mon holding Prima TV [la maison mère de Nessma, qui détient un bouquet satellite, le distributeur Eagle Pictures et la société de production Lux Vide]. C’est ce qu’il a fait en apportant 90 millions d’euros en avril 2013 », détaille-t-il avant de promettre une année 2014 passionnante pour ses chaînes avec trois élections majeures en Algérie, en Égypte et en Tunisie.
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