Regard neuf dans salles obscures

Chaque année, le festival Lumières d’Afrique de Besançon, en France, braque ses projecteurs sur les films du continent. Et le public devient jury.

Publié le 6 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

L’Afrique s’invite dans le berceau du septième art. Du 12 au 20 novembre dernier, à l’occasion de la Semaine de la solidarité internationale en France, le continent était à l’honneur du festival Lumières d’Afrique de Besançon, une ville de l’est du pays qui a vu naître, à la fin du xixe siècle, Louis et Auguste Lumière, les célèbres inventeurs du cinématographe. Organisé par l’Association pour la promotion des arts et des cultures d’Afrique (Apaca), l’événement se fixe pour mission de poser un regard neuf sur la production cinématographique du sud de la Méditerranée. Et de s’éloigner du « cinéma calebasse » – selon l’expression du réalisateur guinéen Mama Keita – dans lequel l’Afrique est constamment ramenée à des clichés, à « des scènes de vie rurale sous le soleil ».
Pour sa cinquième édition, Lumières d’Afrique accueillait 17 longs-métrages, 9 courts-métrages et 13 documentaires en provenance de 16 pays différents. Parmi eux, Marock, de la Marocaine Leïla Marrakchi, Delwende, lève-toi et marche, du Burkinabè Pierre Yameogo, et L’Ami y’a bon, du Français originaire d’Algérie Rachid Bouchareb. Plus de 2 800 personnes ont assisté aux projections. Un succès pour le président de l’Apaca, Gérard Marion, qui se félicite d’avoir « doublé la fréquentation du festival par rapport à l’an dernier ».
À l’origine de cet engouement se trouve, en partie au moins, le rôle dévolu aux spectateurs pour désigner le film distingué lors de chaque édition. En attribuant, lors des différentes séances, une note à l’oeuvre projetée, le public se fait jury et désigne le lauréat, à qui il délivre son « coup de coeur ». C’est le long-métrage du réalisateur sénégalais Ousmane Sembène, Moolaadé, qui l’a obtenu cette année, devant Noce d’été, du tunisien Mokhtar Ladjimi.
En marge de la compétition officielle, Lumières d’Afrique se structure également autour de deux programmations à vocation plus informative.
La première, inaugurée l’an dernier, s’intitule Mémoire d’Afrique. Elle se veut un espace de découverte des premières images cinématographiques tournées dans un pays africain en même temps qu’un moment privilégié pour faire connaître le premier film d’un réalisateur issu de cet État. Après le Niger l’an dernier, c’est le Burkina Faso qui était à l’honneur cette fois-ci, à travers deux documentaires – Fétichisme en Haute-Volta (1924), Les Chasseurs de sommeil (1942) – et un long-métrage – Le Sang des parias (1972), de Mamadou Djim Kola.
La section Écran blanc ouvre, pour sa part, une fenêtre sur l’action de structures associatives engagées dans des actions humanitaires sur le continent. Les associations Aptaa (Association pour le partage des traitements antisida avec l’Afrique) et Physionoma ont pu, entre autres, présenter deux documentaires illustrant les efforts qu’elles déploient au sud du Sahara pour lutter contre le VIH et la maladie du noma (gangrène du visage qui touche les enfants principalement). Lumière, mémoire, écran : tous les ans, pendant une semaine, le cinéma africain se fait une place au soleil dans les salles obscures bisontines.

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