Profession : chef d’entreprise

Après avoir démarré dans le transport maritime, André Fotso a choisi de se diversifier dans l’industrie. Rencontre avec un patron optimiste.

Publié le 5 décembre 2005 Lecture : 3 minutes.

Le bureau vaste et agréable offre au visiteur une décoration raffinée. Les fauteuils en cuir sont confortables et l’homme porte le costume avec élégance. « Ma réussite doit avoir valeur d’exemple », estime André Fotso. Formé chez les Jésuites à Yaoundé avant de poursuivre des études de gestion à Lyon, ce patron s’est jeté dans le bain des affaires en 1991 en créant 3T Cameroun, une société spécialisée dans les métiers du transport maritime (transit, transport, acconage et consignation). Face aux groupes étrangers comme Bolloré (Saga-SDV) et Maersk, la concurrence est rude, mais 3T a su trouver sa place. Avec 80 employés, 30 tracteurs et 60 semi-remorques, cette société 100 % camerounaise a traité 80 000 tonnes en 2004. « Nous sommes une petite structure, mais nous nous sommes imposés. Nous donnons satisfaction à nos clients et nous avons développé un partenariat avec Maersk pour assurer la livraison des marchandises à Douala et sa périphérie », affirme avec fierté ce chef d’entreprise âgé de 48 ans et père de cinq enfants. L’autre activité remonte à 1993 avec FME Gaz. « Nous produisons du gaz industriel. Nous apportons ainsi la preuve que des Camerounais sont outillés pour travailler dans l’industrie et pas seulement dans les services et le négoce », se félicite André Fotso. Et ce malgré deux handicaps. Même si la population camerounaise est de 15,7 millions d’habitants, le marché demeure étroit du fait de la faiblesse du pouvoir d’achat et du nombre limité d’opérateurs économiques. Pour étendre sa clientèle au-delà des frontières, notamment en Afrique centrale, les besoins en capitaux sont plus élevés que les capacités du marché financier. « Les banques locales demeurent frileuses et ne financent pas assez l’économie. Mon principal soutien est venu de la Société financière internationale [SFI, filiale de la Banque mondiale] », déplore l’homme d’affaires qui assume par ailleurs la fonction de président du conseil d’administration d’Ecobank Cameroun. « Nous avons besoin de financements à moyen et long terme pour développer nos activités, mais les banques commerciales proposent presque exclusivement de l’épargne à court terme. Nous attendons donc beaucoup de la Bourse de Douala pour pouvoir lever des fonds », explique-t-il. FME Gaz a investi 5 milliards de F CFA depuis sa création. Aujourd’hui, avec une centaine d’employés, l’entreprise se situe derrière le groupe français Air Liquide. Après une hausse constante de l’activité, le chiffre d’affaires en 2005 accuse une baisse de 22 %. « C’est la conséquence du climat général. Nous avons profité de la construction du pipeline de Doba-Kribi, mais aujourd’hui la conjoncture est moins favorable. »
André Fotso se veut toutefois optimiste. Et mise beaucoup sur la restructuration du Port autonome de Douala (PAD) intensifiée avec la nomination d’Emmanuel Etoundi Oyono au poste de directeur général, en février 2005. En 2003 et 2004, plus de 7 000 navires ont été reçus, mais le PAD affichait pourtant un bilan financier désastreux : 47 milliards de F CFA de dettes cumulées à la fin de l’année dernière. Une banqueroute causée en grande partie par un système de corruption quasi généralisé : transbordement de cargaisons au large, contrebande, vols dans les entrepôts, douaniers peu scrupuleux… « Avec la création d’un guichet unique en 2000 et les efforts entrepris pour rendre le site plus compétitif, les premiers résultats sont palpables », préfère retenir André Fotso. De fait, le trafic portuaire en 2004 a atteint 6,4 millions de tonnes contre un peu plus de 5 millions en 2000. Entre-temps, la nouvelle direction a réduit de 60 % les dépenses en carburant, établi des fouilles systématiques à l’entrée et à la sortie du port, et commencé à réduire les effectifs pléthoriques. Parallèlement, l’outil de production est remis à niveau (achat de portiques et de grues), le port est dragué plus régulièrement, et le groupe Bolloré, associé à Maersk, a obtenu la concession du terminal conteneurs en 2004. Mais le tirant d’eau ne dépasse pas 9 mètres, ce qui limite les volumes de fret. « Pour accroître notre capacité d’accueil, il nous faut approfondir le chenal du fleuve Wouri », reconnaît Simon-Pierre Ewodo Noah, directeur général adjoint du PAD.

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