Le grand frère belge

Publié le 6 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

La Belgique démêlera-t-elle l’écheveau congolais ? Les ministres belges de la Coopération au développement, Armand De Decker, et de la Défense, André Flahaut, en visite dans les Grands Lacs du 27 novembre au 1er décembre, ne ménagent en tout cas aucun effort pour mener à bien la transition politique dans l’ex-Zaïre et s’assurer de la collaboration – ou plutôt de la non-immixtion – des voisins régionaux dans le processus en cours.
Le royaume, désireux de rejouer un rôle majeur dans ses ex-colonies – ne serait-ce que pour des questions de prestige diplomatique et de réels intérêts économiques -, a débloqué 75 millions d’euros cette année pour soutenir un processus fragile depuis la signature des accords de paix de Pretoria, en décembre 2002, et la mise en place, six mois plus tard, d’un gouvernement de réunification hétéroclite (un président et quatre vice-présidents, le fameux 1+4). Avec pour priorités d’appuyer le désarmement des ex-rebelles, de réorganiser et redéployer l’administration et l’armée sur tout le territoire, de préparer le processus électoral et de réhabiliter les services de base pour les populations.
De Decker a rejoint le président Kabila à Kisangani pour inaugurer la remise en état de la centrale de la ville, gravement endommagée pendant la guerre. Avant que le chef de l’État ne le reçoive sous sa grande tente installée pour son séjour dans la province orientale. Un entretien au cours duquel Kabila lui a confirmé la tenue du référendum constitutionnel le 18 décembre et le respect du calendrier qui doit conduire à des élections au second semestre 2006. De Decker n’a pas manqué de lui rappeler les inquiétudes de la communauté internationale concernant les retards pris dans l’examen de la loi électorale et le paiement des fonctionnaires, particulièrement des militaires.
André Flahaut a, de son côté, livré du matériel militaire et des équipements (barges, ponts flottants), passé en revue des troupes formées par l’armée belge et eu des discussions avec son homologue de la Défense. Au centre des débats : la lenteur de la démobilisation des ex-rebelles et du « brassage » de l’armée régulière sur une base multiethnique.
Avant de se rendre en RDC, De Decker avait fait deux haltes, au Rwanda et au Burundi. Le ministre belge s’est longuement entretenu avec le président Kagamé de la situation régionale et s’est assuré de ses bonnes intentions. Les relations entre les deux pays, qui s’étaient crispées avec l’accusation de complicité de génocide du père Guy Theunis, se sont détendues depuis que ce dernier a été extradé vers la Belgique. De Decker a octroyé 15 millions d’euros d’aide pour des projets en matière de santé et de formation. Il a également fait part du souhait de la Belgique de relancer la Communauté économique des Grands Lacs pour ramener les pays membres à collaborer sur des projets concrets. Une manière d’ancrer durablement la paix dans la région. Il a distillé le même message auprès des nouvelles autorités burundaises et les a assurées de son soutien dans le cadre de la reconstruction. Bruxelles et Bujumbura préparent activement la commission mixte qui doit se tenir début 2006, une réunion durant laquelle les pouvoirs publics burundais feront part de leurs priorités.

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