Immigration légale : contrôle renforcé

Publié le 5 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

« Maîtriser l’immigration subie pour développer une immigration choisie » : tel est l’intitulé du projet de loi que Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur, devrait soumettre à l’Assemblée nationale au début de l’an prochain. Le moins que l’on puisse dire est que ce texte n’épargne personne. Pas même les cinquante mille étudiants étrangers qui s’inscrivent chaque année dans les établissements supérieurs français. Dès la rentrée prochaine, les candidats seront triés sur le volet dans leur pays d’origine. « Nous voulons accueillir les meilleurs étudiants, les plus motivés, ceux qui ont un projet d’études de haut niveau », a commenté, le 29 novembre, le Premier ministre Dominique de Villepin. À l’instar des pays anglo-saxons, la France semble déterminée à concentrer ses efforts sur les étudiants à « fort potentiel ».
L’octroi d’un visa étudiant sera soumis à quatre nouveaux critères : projet d’études, parcours académique et personnel, compétences linguistiques et état des relations avec le pays d’origine. Pour faciliter la sélection, six nouveaux Centres pour les études en France (CEP) verront le jour en 2006 (dont un au Cameroun et un à Madagascar), sur le modèle de ceux déjà en place en Chine, dans les pays du Maghreb, au Sénégal et au Vietnam. Des agents du ministère de l’Éducation y éplucheront les dossiers avant de les soumettre aux facultés. Bonne nouvelle pour les heureux élus : leur visa fera office de titre de séjour, ce qui leur évitera les interminables attentes dans les préfectures. Les étrangers détenteurs d’un mastère ou du diplôme d’une grande école seront encouragés à s’établir en France. Une carte de séjour de six mois leur sera automatiquement délivrée à la fin de leurs études.
Relancé par la crise des banlieues, le débat en cours sur l’accueil des étrangers dépasse largement le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine. Et les étudiants étrangers sont loin d’être les seuls visés par la batterie de mesures annoncées par le Premier ministre pour contrôler l’arrivée des immigrants sur le territoire français. Dans le collimateur du gouvernement : les mariages célébrés à l’étranger, qui constitue la première source d’immigration légale. Dorénavant, ils n’impliqueront plus la délivrance automatique d’un titre de séjour. Leur sincérité sera préalablement mise à l’épreuve par les autorités consulaires afin de lutter contre les mariages blancs. Dans le même but, les unions avec des personnes en situation irrégulière sur le territoire français ne seront plus synonymes de régularisation systématique.
Les règles du regroupement familial, qui a conduit en 2004 à l’arrivée de vingt-cinq mille personnes, seront également bouleversées afin de « faciliter l’intégration », Villepin dixit. Désormais, un étranger résidant en France devra attendre deux ans avant de faire venir sa famille. Et prouver qu’il maîtrise le français. Responsable désignée d’une partie des maux dont souffrent les banlieues, la polygamie fera l’objet d’une attention particulière.
Autre proposition : la généralisation du contrat d’accueil et d’intégration. « C’est un choix de venir en France, cela suppose des efforts de la part des individus et un accompagnement de l’État », affirme Villepin. Pas sûr qu’avec ces nouvelles mesures, le choix soit respecté.

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