Côte d’Ivoire : faux départ pour le dialogue politique ?

Théoriquement relancé par le Premier ministre Patrick Achi le 16 décembre, le dialogue est au point mort. Des dossiers judiciaires qui incriminent l’opposition sont venus raviver les tensions entre le parti au pouvoir et ses adversaires politiques.

Le Premier ministre Patrick Achi lors du dialogue politique, le 16 décembre 2021, à Abidjan. © Primature de CI

Le Premier ministre Patrick Achi lors du dialogue politique, le 16 décembre 2021, à Abidjan. © Primature de CI

Aïssatou Diallo.

Publié le 7 janvier 2022 Lecture : 3 minutes.

« Le RHDP [Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix] constate que le PDCI-RDA [Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain] et le PPA-CI [Parti des peuples africains en Côte d’Ivoire] veulent se servir de ce dialogue politique pour s’assurer une immunité juridictionnelle et une impunité, sans toutefois reconnaître leurs forfaits. »

Les mots sont de Kobenan Kouassi Adjoumani, le porte-parole du RHDP, au pouvoir, qui s’est chargé d’organiser la riposte face à l’opposition. « Au demeurant, le dialogue n’est à cet égard nullement constitutif d’une occasion d’exonérer a priori des hommes politiques des actes justiciables qui leur sont opposés », ajoute-t-il.

Pascal Affi N’Guessan, Guillaume Soro et Simone Gbagbo

Ce jeudi 6 janvier, le ton est grave et les mots durs du porte-parole du RHDP sont une réponse au PDCI d’Henri Konan Bédié et au PPA-CI de Laurent Gbagbo. Dans un communiqué conjoint rendu public quelques jours plus tôt, le 5 janvier, les formations des deux anciens présidents s’interrogeaient sur « la sincérité du dialogue politique relancé par le gouvernement ».

Depuis la multiplication de gestes d’apaisement et le lancement du dialogue mi-décembre, le climat politique s’était relativement apaisé. Mais la publication d’un rapport d’enquête sur les crimes commis lors de la présidentielle de 2020 qui met en cause les principaux leaders de l’opposition a ravivé les tensions. Publié le 27 décembre par le procureur près le tribunal de grande instance d’Abidjan, Richard Adou, le dossier d’une soixantaine de pages estime que l’appel au boycott et à la désobéissance civile lancé par Henri Konan Bédié a été « l’un des déclencheurs » de la crise qui a fait officiellement 85 morts et plus de 500 blessés.

Plusieurs autres personnalités, comme Pascal Affi N’Guessan, à la tête du Front populaire ivoirien (FPI), Guillaume Soro, l’ex-président de l’Assemblée nationale, ou encore Simone Gbagbo, l’ex-première dame, y sont citées. Autant d’accusations qui pourraient provoquer des poursuites. Richard Adou a souligné que l’immunité présidentielle était, dans ce cas précis, inopérante.

« Paranoïa politique »

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