Chut, Bouteflika est malade…

Publié le 6 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

C’est LA question de la semaine : de quoi souffre réellement Abdelaziz Bouteflika ? Le 2 décembre, le chef de l’État algérien, âgé de 68 ans, était toujours hospitalisé au Val-de-Grâce, à Paris. En l’absence d’un bulletin médical complet, la presse et la rue en sont réduites à des spéculations. Malaise cardiaque ? Insuffisance rénale ? Cancer du colon ? Accident cérébral ? Coliques néphrétiques ? L’entourage du président verrouille si bien l’information que sa maladie relève du secret d’État.
C’est le 26 novembre, à 14 h 30, que les journalistes qui devaient accompagner Bouteflika à Barcelone pour le sommet Euromed sont informés que le voyage est annulé. Aussitôt, les rumeurs les plus folles commencent à circuler : empoisonnement, violente dispute avec son chef du gouvernement au sujet d’un remaniement ministériel, bouderie consécutive au blocage par l’armée de ses mesures sur la réconciliation nationale. En fait, à la suite de violentes douleurs à l’estomac, le président est admis, dans l’après-midi même, à l’hôpital de Aïn Naadja, à Alger. C’est dans ce complexe militaire ultramoderne qu’il recevra les premiers soins. Parce que l’état de santé de Bouteflika est préoccupant, ses proches, notamment Mustapha, son frère et médecin personnel, ainsi que le docteur Zitouni, chirurgien et ancien ministre, décident de l’hospitaliser au Val-de-Grâce. Pourquoi là et pas ailleurs ? D’abord parce que le raïs s’y est déjà rendu à plusieurs reprises pour des bilans médicaux. Ensuite pour des raisons de confidentialité, le Val-de-Grâce étant un hôpital militaire.
Le 26 donc, aux alentours de 19 heures, le président est transféré vers la capitale française à bord d’un avion médicalisé. Ce n’est que dans la soirée, à 21 h 26 précises, qu’une dépêche tombe et qu’un bulletin spécial est diffusé par la télévision d’État. Le communiqué officiel, le premier de la semaine – il y en aura un deuxième -, indique que Bouteflika s’est déplacé à Paris pour subir un bilan médical plus approfondi.
Décontenancées par ce séjour parisien plus long que prévu – en général un bilan médical ne nécessite pas plus de quatre jours d’hospitalisation -, les autorités algériennes se contentent de livrer les informations au compte-gouttes. « En attendant la diffusion d’un bulletin médical par nos médecins qui ont accompagné le chef de l’État, il n’y a définitivement aucune inquiétude à nourrir au sujet de l’état de santé de Son Excellence le président Abdelaziz Bouteflika », déclare, le 1er décembre, le Premier ministre Ahmed Ouyahia.
Bien sûr, la rareté de l’information nourrit les spéculations. L’opinion est convaincue qu’on lui cache la vérité. « On va croire qu’il s’agit de quelque chose de grave. Pourquoi tant de mystère ? » s’interroge une Algéroise. S’il ne flotte pas encore un parfum de fin de règne à Alger, les journalistes n’en sont pas moins perplexes. « La maladie du président a mis en relief les insuffisances de l’édifice constitutionnel en matière de vacance présidentielle », écrit un éditorialiste du quotidien privé El-Watan. C’est que, depuis ce samedi 26 novembre, quelque chose a changé en Algérie.

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