Aux bons soins de Bamako

Publié le 6 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Les Maliens ne sont pas peu fiers de leur performance. Après avoir organisé avec succès l’avant-dernière édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, en 2002, et un sommet de la Communauté sahélo-saharienne (Cen-Sad), en mai 2004, voilà que leur capitale accueillait, les 3 et 4 décembre, le XXIIIe Sommet Afrique-France (voir p. 77).
À la veille de la conférence, l’angoisse des Bamakois était perceptible : toilette intensive de la capitale, multiplication des simulations pour vérifier si la logistique était au point, et prévenir tout incident, tout imprévu susceptible de ternir un savoir-faire qu’ils voulaient « montrer à la face du monde ».
Ils avaient déjà gagné leur pari. Comme pour tout sommet, il y eut un contre-sommet : celui des alter-Françafrique. Mais ici, ni casseurs ni bombes lacrymogènes. Une trentaine d’ONG, représentées par 200 délégués venus du Tchad ou du Burkina, de France ou du Togo, se sont réunis à la Maison des jeunes de Bamako pour « faire entendre la voix des peuples aux dirigeants de France et d’Afrique ». Organisé par la section malienne de la Coalition des alternatives de développement (CAD), ce forum, respectant la tradition du genre, a fustigé les « pseudo-démocraties » du continent et le soutien de l’ancienne puissance coloniale aux dictatures en place. Comme les altermondialistes, les « alter-Françafrique » ont dénoncé le choix du libéralisme comme mode de développement.
Profitant de la présence des chefs de la diplomatie et des nouvelles installations du Palais des congrès de Bamako, le comité de l’Union africaine (UA) chargé de la question des réformes de l’ONU a pu tenir une séance de travail qui n’était pas prévue au programme. Les quinze États membres (trois pays représentant chacune des cinq régions géographiques de l’Afrique) ont eu, une nouvelle fois, l’occasion de mesurer l’ampleur des divergences sur ce dossier. Autre réunion imprévue : la double troïka Europe-Afrique, qui regroupe le Royaume-Uni, l’Autriche et la Commission européenne, côté Vieux Continent, le Nigeria, le Mozambique et la Commission de l’UA, côté africain. Au menu de cette rencontre, qui s’est tenue le 2 décembre à l’hôtel Plazza : le Darfour et les facilités promises par la partie européenne pour la force africaine de maintien de paix dans cette région.
Mais pour le quidam de Bamako, l’intérêt était ailleurs. La capitale a certes accueilli un événement majeur avec la participation de dizaines de chefs d’État – la plus importante jamais réunie pour pareil conclave. Mais, surtout, ce sommet avait une particularité : il était le dernier d’un Jacques Chirac très populaire sur les rives du Djoliba. Nous reviendrons en détail dans notre prochaine édition sur le déroulement et les dessous de ce XXIIIe sommet Afrique-France.

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