Alamine Ousmane Mey

Directeur général d’Afriland First Bank

Publié le 5 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique/L’intelligent : Quelle est votre analyse de la situation économique ?
Alamine Ousmane Mey : L’année 2005 a été difficile. Elle aura été une année charnière au cours de laquelle tous les efforts ont été orientés vers l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE. Le programme avec le FMI a eu une incidence négative sur le niveau des activités. Dans le cadre des relations avec l’État, des dispositions pour gérer au mieux les finances publiques ont été prises. Cela a réduit les demandes de financement des sociétés travaillant pour l’État. Nous pensons que 2006 connaîtra un regain. Dans le secteur privé, nous constatons un ralentissement des investissements. À titre d’illustration, les secteurs du textile et des produits de première nécessité restent confrontés à la contrebande. Les industries locales en souffrent. L’augmentation des prix du pétrole et l’offre en énergie sont des sujets de préoccupation. Il faut donc prendre des mesures pour recadrer l’environnement afin de permettre au secteur privé de jouer son rôle.
J.A.I. : Les banques remplissent-elles leur mission de financement de l’économie ? Les PME rencontrent de grosses difficultés pour obtenir des prêts…
A.O.M. : En ce qui concerne Afriland First Bank, nous sommes orientés vers l’entreprise. Plus de 80 % de notre fichier clients pour les crédits est composé d’entreprises. Cependant, il est vrai que les PME ont de tout temps rencontré des difficultés importantes pour accéder au financement bancaire classique, du fait d’un profil risque moins attractif. Les PME jouent pourtant un rôle important dans la constitution d’un tissu économique diversifié, riche et flexible. Compte tenu de leurs spécificités, la solution réside dans la création et le développement d’instruments appropriés dans un environnement favorable. L’État, à travers une politique de promotion soutenue, et les banques, grâce à des instruments de financement novateurs, pourraient ensemble créer un cadre plus propice. La First Bank offre déjà des solutions alternatives : le capital-risque, le leasing, les lignes de financement spécifiques. L’objectif étant que les PME puissent impulser la croissance et générer des emplois.
J.A.I. : La Bourse de Douala, qui doit bientôt débuter ses cotations, est-elle une alternative pour lever des fonds ?
A.O.M. : En tant qu’actionnaire du Douala Stock Exchange, nous sommes des observateurs actifs et attentifs. Pourtant, il faut s’interroger sur l’attractivité de la place. L’État doit être plus volontariste avec des mesures fiscales incitatives à l’endroit des investisseurs et des entreprises. Cela passe par des exonérations sur les plus-values et la défiscalisation des placements. Il faut aussi animer ce marché boursier par des entreprises pouvant assurer une bonne rentabilité par action. Plusieurs entreprises camerounaises répondent valablement à ce profil. n Propos recueillis par Ph. P.

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