Abidjan retient son souffle

Trois personnalités sont pressenties pour diriger le gouvernement de réconciliation nationale. L’une d’entre elles finira-t-elle par faire l’affaire ? Ou seront-elles toutes coiffées au poteau par un quatrième larron ?

Publié le 6 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Seize, quinze, sept, quatre, trois, deux… Le compte à rebours chaotique lancé le 6 octobre, qui devait être bouclé le 31 octobre au plus tard par la nomination d’un chef de gouvernement ivoirien « acceptable pour tous », s’est poursuivi le 4, puis le 22 novembre, avec la visite, à Abidjan, des présidents Olusegun Obasanjo, Thabo Mbeki et Mamadou Tandja. Et s’est heurté au refus obstiné de leur alter ego ivoirien, Laurent Gbagbo, de retenir comme Premier ministre l’un des deux noms qu’ils étaient venus lui proposer : le banquier Tiémoko Yadé Coulibaly et le général de gendarmerie à la retraite Gaston Ouassénan Koné, Charles Konan Banny, gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), qui n’appartient officiellement à aucune coterie politique mais bénéficie de solides appuis, jouant, quant à lui, les jokers de luxe.
Depuis, plus rien. Ou presque : la promesse d’Obasanjo de revenir dans une dizaine de jours avec de nouvelles propositions ; les apartés des chefs d’État présents au Sommet Afrique-France des 3 et 4 décembre à Bamako consacrés en partie à ce dossier ; la consultation avec les différentes sensibilités politiques du pays convoquées vingt-quatre heures plus tôt par Laurent Gbagbo. Ou encore le rappel à l’ordre du Conseil de sécurité de l’ONU précisant, à l’adresse du camp de Gbagbo, que le futur chef de gouvernement jouira des pleins pouvoirs ; ainsi que le schéma d’une nouvelle architecture institutionnelle (avec notamment la mise en place d’une vice-présidence) que Guillaume Soro a soumise par courrier à Kofi Annan. S’ajoute à cela le constat alarmant du général Henri Bentegeat, chef d’état-major des armées françaises, qui indique que le retard pris dans la désignation du Premier ministre assombrit l’horizon. « Plus le temps passe, s’inquiète-t-il, plus la situation se dégrade sur le terrain. Chaque journée perdue accroît la menace sur la vie des Ivoiriens. »
Et le général d’en appeler à l’ONU, qui doit frapper de sanctions tous ceux qui « font obstacle à la paix ». Ni Yadé Coulibaly, ni Ouassénan Koné, ni Konan Banny, les trois noms dont on a le plus parlé au cours de ces premiers jours de décembre, ne sont, bien sûr, dans la ligne de mire onusienne. L’un d’entre eux finira-t-il par faire l’affaire ou seront-ils tous coiffés au poteau par un quatrième larron ? Lequel sera suffisamment consensuel pour emménager à la primature ? À l’heure où nous mettions sous presse, ce vendredi 2 décembre 2005, Abidjan retenait toujours son souffle.

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