Tourmente bancaire aux Comores

Publié le 6 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Les prochaines semaines vont être décisives. La BIC, unique établissement du pays, risque de faire faillite. Il sera alors impossible aux Comoriens d’effectuer des opérations de transfert ou de virement. Ce scénario, particulièrement dommageable sur les importations, est jugé « très plausible » par les opérateurs économiques qui suivent cette affaire avec une angoisse non dissimulée.
L’histoire remonte à 2005. La BIC accuse un de ses clients, Nicom, d’avoir produit de faux documents pour un crédit. Elle porte l’affaire devant les tribunaux et verrouille ses comptes. Shémir Kamoula, le patron de Nicom, qui règne sur 70 % du marché national de ciment, ne se laisse pas faire. Non seulement il gagne le procès intenté contre lui par la BIC, mais il obtient des dommages et intérêts.

5,8 millions d’euros d’amende…
Le 16 août 2007, la BIC est condamnée à verser 3,8 milliards de francs comoriens (5,8 millions d’euros), et son directeur écope de quatre mois d’emprisonnement avec sursis. Conséquences : plus une seule ligne de crédit n’est ouverte par la BIC et le pays doit faire face à une pénurie de riz et de ciment. Il y a quelques semaines, un décret spécial des autorités a permis à la banque de surseoir au paiement de sa condamnation, permettant aux opérateurs d’importer un peu de riz. Ce qui a fait bondir la partie adverse, qui dénonce un « passe-droit ». « Si la BIC fait faillite, je serai obligé de mettre la clé sous la porte », s’alarme en revanche Mohamed Keldi, membre du patronat comorien et importateur des marques Nestlé et Dunlop. Keldi fait partie des actionnaires privés comoriens de la BIC, qui représentent 15 % du capital de la banque.

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… pour des fonds propres de 3 millions seulement
Avec des fonds propres de 2 milliards de francs comoriens (3 millions d’euros), la BIC ne peut pas payer l’amende. L’État, qui possède 34 % de son capital, devra mettre la main à la poche pour éviter la faillite. Cette affaire tombe au plus mal pour les Comores, déjà affectées par une crise politique et institutionnelle majeure. Deux nouvelles banques, la koweïtienne Federal Bank et l’américaine Eximbank, envisagent de s’implanter dans le pays, mais pas avant 2008. « Si la BIC est condamnée, les autres banques, déjà réticentes à venir s’implanter, auront peur de subir le même sort », s’inquiète un observateur. La délégation parisienne de BNP Paribas, venue le 18 octobre dernier, avait proposé de rouvrir les comptes de Nicom, lui accordant à nouveau des lignes de crédit, en échange d’un abandon des poursuites. De son côté, Nicom ne lâche rien. Une ultime négociation est prévue début novembre. Si le dossier reste sans issue, les Comores se retrouveront sans banque.

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