Sur le front de l’adoption

Publié le 6 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

« Il ne faut surtout pas confondre humanitaire d’urgence et adoption, comme l’a fait l’Arche de Zoé. » Geneviève André, responsable de la mission adoption de Médecins du monde, l’organisme agréé qui en réalise le plus en France, est claire. « Les pays d’accueil sont d’ailleurs tout aussi responsables que les pays d’origine des enfants. Une solution doit d’abord être trouvée sur place, avant qu’une adoption internationale soit envisagée pour l’enfant. » C’est le principe qui régit la Convention de La Haye sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale, que 72 États (dont 6 Africains) ont signée ou ratifiée. Voilà pourquoi, de 1997 à 2006, l’ONG a suspendu ses opérations à Madagascar et n’engage des procédures qu’avec une extrême prudence. Des scandales de ventes d’enfants sur la Grande Île, des trafics en Centrafrique, en Haïti ou au Vietnam montrent qu’il est facile pour des malfrats de jouer sur la souffrance de parents occidentaux en mal d’enfants – et prêts à payer très cher – ou sur la détresse financière de familles dans les pays pauvres – rarement informées qu’elles doivent abandonner purement et simplement leur progéniture.
De l’affaire Madonna, qui a adopté un enfant au Malawi en 2006 sans se plier à la très longue démarche légale, à celle de l’Arche de Zoé, les abus sont fréquents. Et sans une vigilance accrue des gouvernements, ils ne feront que se multiplier. « Le déséquilibre entre la demande et la proposition d’enfants est source de déviances », admet Geneviève André. Au Nord, les demandes explosent. Au Sud, le regard sur l’enfant change. L’amélioration de leur situation socio-économique a permis à certains pays asiatiques ou latino-américains de trouver des solutions internes pour placer leurs orphelins, tandis que les dérives les ont incités à durcir leurs législations.
Contrairement à la tendance générale (en France, le nombre d’adoptions était en baisse en 2006 et en 2007), c’est l’Afrique qui connaît aujourd’hui un engouement sans précédent. En 1998, 649 enfants africains seulement ont été placés dans des familles françaises ; ils étaient 890 en 2002 et 1 085 en 2005, soit le quart des enfants étrangers adoptés chaque année dans l’Hexagone. En 2006, l’Éthiopie arrivait toujours en tête avec 408 enfants venus en France, devant Madagascar (117), le Mali (109) et le Burkina Faso (89). Tous signataires de la Convention de La Haye, ces pays ont mis en place des organismes centralisés censés contrôler scrupuleusement les orphelinats et assurer aux familles d’accueil l’adoptabilité des enfants. En dehors de ces cadres-là, et sous la pression des parents demandeurs, les autres pays sont tous à la merci d’abus en tout genre.

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