Sous le signe de la continuité

Comme son prédécesseur, le chef de l’État mène une politique étrangère tournée vers l’Occident. Sans négliger la coopération Sud-Sud.

Publié le 6 novembre 2007 Lecture : 3 minutes.

Habib Bourguiba avait habitué les Tunisiens à une diplomatie de grand style. Qualifié par de Gaulle de « chef d’État dont l’envergure et l’ambition dépassent les dimensions de son pays », il avait fait des affaires étrangères son domaine réservé. Inventeur de la « politique des étapes », il s’est échiné à vendre aux Arabes – qui n’en voulaient pas – cette méthode qui lui avait permis de venir à bout de la colonisation française en faisant l’économie d’une guerre. Conscient de la faiblesse de la Tunisie, il regardait l’Organisation des Nations unies (ONU), malgré ses imperfections, comme « l’institution fondamentale de sauvegarde des petites nations ». Et le bouclier susceptible de préserver la paix dans le monde. Elle sera la pierre angulaire de toutes ses initiatives. Pragmatique, il a choisi, très tôt, l’Occident, c’est-à-dire la France, l’Europe et les États-Unis, comme partenaires privilégiés. Zine el-Abidine Ben Ali, son successeur, n’a pas manifesté la même appétence pour la politique étrangère. Mais il n’a pas dévié d’un iota des principes cardinaux posés aux lendemains de l’indépendance, uvrant, au contraire, pour leur approfondissement. La diplomatie tunisienne se caractérise donc, sur le fond, par une remarquable continuité.

Tunis apporte ainsi régulièrement sa contribution aux opérations de maintien de la paix onusiennes en Afrique (République démocratique du Congo, Éthiopie-Érythrée, Côte d’Ivoire). Le président Ben Ali est également à l’origine de la création, en décembre 2000, du Fonds mondial de solidarité, un mécanisme s’inspirant de l’expérience tunisienne destiné à réduire la pauvreté. Enfin, Tunis a hébergé en novembre 2005 la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l’information.
L’ancrage économique à l’Union européenne (UE) a été confirmé avec la signature, en 1995, d’un accord d’association, qui a servi de modèle aux autres pays de la rive sud de la Méditerranée. La Tunisie réalise plus de 80 % de ses échanges avec l’UE. Elle est initiatrice et partie prenante du « dialogue 5 + 5 », processus à forte connotation sécuritaire, réunissant les chefs d’État et de gouvernement des cinq pays de l’Europe du Sud et de l’Union du Maghreb arabe (UMA). Les relations avec Paris – la France étant le premier client et le premier fournisseur de la Tunisie – sont excellentes et n’ont même jamais été aussi denses. Entre les deux pays, la confiance règne.

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Perçue à la fois comme un allié sûr dans la lutte antiterroriste et une nation avant-gardiste économiquement et socialement, citée en exemple pour l’émancipation des femmes, la Tunisie bénéficie également des bonnes grâces de Washington. La capitale tunisienne a été choisie pour abriter le siège d’un bureau régional de l’Initiative de partenariat entre les États-Unis et le Moyen-Orient (Mepi). Sa position modérée dans le conflit israélo-arabe, le rôle de facilitateur qu’elle a joué dans le processus de paix au Proche-Orient, les contacts informels et réguliers qu’elle entretient avec Israël sont aussi regardés par les Américains comme autant d’éléments à mettre au crédit de la Tunisie. Au niveau maghrébin, Tunis plaide sans relâche – et sans grand succès – pour un approfondissement de l’intégration régionale dans le cadre de l’UMA. Mais l’organisation, qui a pour secrétaire général un Tunisien, l’ancien ministre des Affaires étrangères Habib Ben Yahia, est malheureusement toujours l’otage du conflit du Sahara occidental.
La Tunisie, dont la diplomatie revêt une dimension de plus en plus économique, est devenue une terre d’accueil des investissements arabes en provenance des Émirats et du Qatar. Un nouvel élan a aussi été impulsé à la coopération Sud-Sud, avec la multiplication des partenariats techniques entre la Tunisie et des pays d’Afrique subsaharienne comme le Sénégal ou Djibouti, ainsi qu’avec la Mauritanie, où Tunisie Télécom, l’opérateur national de téléphonie, détient maintenant 51 % de Mauritel. Et où Tunisair vient d’acquérir une participation de 51 % dans Mauritania Airways, compagnie qui prendra son envol le 7 novembre prochain.

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