Solidarité oblige

Moins de 4 % de la population vit aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté.

Publié le 6 novembre 2007 Lecture : 3 minutes.

Quelques années avant l’accession au pouvoir du président Zine el-Abidine Ben Ali, la Tunisie avait connu, en 1984, d’importants mouvements de protestation à la suite de la levée des subventions sur certains produits alimentaires de base. Les « émeutes du pain », comme on les a appelées à l’époque, avaient alors fortement fragilisé la paix sociale et poussé le gouvernement tunisien à faire de l’amélioration du niveau de vie des citoyens et de l’éradication de la pauvreté deux de ses principaux objectifs. Une politique qui a, en grande partie, porté ses fruits.
Aujourd’hui, l’évolution des indicateurs sociaux est globalement positive et des progrès significatifs ont été enregistrés en matière de développement humain. En 1998, l’indice de développement humain (IDH) plaçait la Tunisie en 101e position sur 174 pays. En 2006, elle arrivait 87e sur 177. Le pays a également réduit son taux de pauvreté. En 2006, 3,9 % de Tunisiens vivaient en dessous du seuil national de pauvreté, contre 6,2 % en 1995 et 12,9 % en 1980. À l’horizon 2015, ils ne devraient être que moins de 2 %. Parallèlement, la classe moyenne s’est élargie, qui représente environ 82 % de la population et plus de 80 % du total des dépenses de consommation.
De fait, les efforts du gouvernement se sont particulièrement concentrés sur les « zones d’ombre » du pays. Enclavées et difficilement accessibles, ces régions n’ont pu, pendant longtemps, bénéficier des programmes de développement établis par Tunis. Le lancement, le 8 décembre 1992, du Fonds de solidarité nationale – également connu sous le numéro du compte postal « 26-26 » – a permis à ces zones de sortir de l’ornière. Entre 1994 et 2006, le nombre de donateurs est passé de 182 000 à 4 millions, et les montants de 5 millions à 30 millions de DT (environ 17 millions d’euros) par an. Depuis sa création, le Fonds a collecté plus de 800 millions de DT et a permis la réalisation de 4 500 km de routes ainsi que la construction de 150 écoles et 65 000 logements. Il a aussi amené l’électricité et l’eau potable dans plus de 82 000 foyers. Sans compter les opérations de relogement ou de développement rural et urbain. À ce Fonds est venue s’ajouter, en 1997, la création de la Banque tunisienne de solidarité (BTS), qui finance chaque année des milliers de projets. Depuis 2001, quelque 54 000 crédits spéciaux ont été alloués pour l’achat, par exemple, d’un ordinateur familial. En dépit des efforts consentis, certaines poches de pauvreté se maintiennent depuis quelques années, et le taux de chômage reste élevé (14,2 % en 2006).
L’autre grand acquis concerne l’implication des femmes dans la vie active. En 1966, celles-ci ne représentaient que 6 % de la population active, contre 26 % aujourd’hui. Évoluant dans tous les secteurs d’activité, elles représentent plus de 50 % des étudiants, 29 % des magistrats et 24 % des diplomates. À noter également la proportion des femmes siégeant au Parlement : 23 % de députées.
Dans le domaine de la santé, les indicateurs sont, eux aussi, au vert. La mortalité infantile régresse un peu plus chaque année, atteignant un taux de 20 pour 1 000 naissances en 2005. Idem pour le taux de mortalité maternelle, qui était de 29,6 pour 100 000 naissances en 2005. Objectif affiché : atteindre le taux de 18,7 d’ici à 2015. Les autorités comptent poursuivre leurs efforts en matière de couverture sociale : 89 % de la population en bénéficiait en 2005, contre 54,6 % en 1997. Toutefois, certains secteurs comme celui de l’agriculture (43,6 % en 2004, contre 16,9 % en 1987) et de la pêche (59,3 % en 2004, contre 9 % en 1987) sont encore mal lotis. Le gouvernement souhaite atteindre un taux de couverture nationale de 95 % d’ici à deux ans.
Autre atout non négligeable : la démographie est maîtrisée. L’indice synthétique de fécondité a, en effet, progressivement reculé : le nombre d’enfants par femme est passé de près de 6 dans les années 1960, à 3,4 en 1994 et à 2 en 2006. Soit le niveau le plus faible du monde arabe.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires