Fast-food : à Nairobi, KFC n’a plus la frite
Des frites de pommes de terre égyptiennes pour accompagner votre « Chicken Bucket » ? Le recours de la chaîne américaine à des importations a fait des vagues au Kenya, après une pénurie début janvier.
Dans un message publié sur Twitter le 3 janvier, la chaîne de fast-food KFC a annoncé qu’elle était à court de « chips » (frites) de pommes de terres après la période chargée des fêtes de décembre. À la place, elle a proposé à ses clients des alternatives comme des morceaux de poulet supplémentaires, des petits pains, de la salade de chou ou encore de l’ugali, un plat kényan à base de farine de maïs.
Cette nouvelle a déclenché une série des réactions négatives sur les réseaux sociaux, de nombreux Kényans ont découvert et ont en même temps pris ombrage de l’approvisionnement de la franchise en pommes de terre provenant d’Égypte au lieu de patates cultivées localement. Pendant une grande partie de la journée de la journée du 3 janvier, le hashtag #BoycottKFC a été en vogue sur Twitter.
Fam it was truly a Furaha December. 🥳 Mlikula sherehe with your KFC faves. Ya'll loved our chips a little too much, and we've run out. Sorry! Our team is working hard to resolve the issue. In the meantime here are some SWAP options for combo meals if you are craving our Kuku. pic.twitter.com/ylvnqxtPD0
— KFC Kenya (@KFCinKenya) January 3, 2022
La nouvelle a même attiré l’attention d’un gouverneur de comté…
Governor Kimemia has issued a statement outlining some of the measures his admin has implemented to help potato farmers. KFC has been challenged to step up.@Kenyans
— Mumbi (@MumbiMutuko) January 4, 2022
@NyandaruaCG018 pic.twitter.com/4FH5aGJtVI
…et les concurrents de KFC au Kenya ont également tenté de profiter de cette situation pour attirer des clients, tels que la chaîne Chicken Inn, rappelant que ses pommes de telles provenaient, elles, de fournisseurs locaux.
Because you love our chips a little too much, we make sure they're always there.
— Chicken Inn (@ChickenInnKe) January 4, 2022
Our potatoes are locally sourced to make fresh fries, every time. pic.twitter.com/KdQsF3yFgd
Envoi de pommes de terre
KFC ainsi que plusieurs autres grandes chaînes de restauration rapide au Kenya et dans la région importent leurs pommes de terre d’Égypte et d’Afrique du Sud. La franchise est-africaine de la chaîne multinationale de restauration rapide, qui est exploitée par Kuku Foods, a commencé ses activités au Kenya en août 2011. Depuis lors, elle a ouvert des succursales en Ouganda et au Rwanda. Elle compte plus de 35 points de vente, dont la plupart sont situés au Kenya.
En octobre 2019, Dough Works, qui détient la franchise Pizza Hut en Tanzanie, a acquis la franchise KFC dans le pays auprès de Kuku Foods. Le marché kényan effectue à lui seul entre 20 000 et 30 000 livraisons par mois, ce qui signifie que la franchise a connu une activité soutenue et une demande importante de pommes de terre, de poulet et d’autres produits.
Normes et chaînes d’approvisionnement
En 2012, le premier PDG du franchisé est-africain, Gavin Bell, a déclaré que KFC avait été confronté à des difficultés dans la chaîne d’approvisionnement. « Beaucoup d’entreprises ici [au Kenya] ont diverses certifications, mais ne sont pas au niveau où elles peuvent… fournir KFC », a-t-il déclaré à la publication en ligne How We Made it in Africa.
Il a révélé que la chaîne de restauration expédiait plutôt des « frites traitées, préblanchies et surgelées en provenance d’Égypte, car leur traçabilité est totale ». L’ensemble du processus d’importation des frites représente une « dépense énorme », avait déclaré Gavin Bell, laissant entendre que l’entreprise était ouverte à l’idée de trouver des fournisseurs locaux capables de respecter les normes ainsi que les strictes contrôles de qualité de la chaîne américaine.
Près d’une décennie plus tard, la pandémie de Covid-19 a mis à rude épreuve les chaînes d’approvisionnement mondiales, entraînant des pénuries et des retards dans les expéditions. Les pommes de terre égyptiennes sont réputées pour leur qualité et leur longue durée de conservation, mais le pays a également fait des progrès considérables pour satisfaire aux normes mondiales strictes en matière de qualité et de traçabilité.
Les exportations égyptiennes
En plus d’être le premier fournisseur de pommes de terre de l’Union européenne, les agriculteurs égyptiens ont également trouvé de nouveaux marchés en pleine expansion auprès des chaînes internationales de restauration rapide sur le continent. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont conduit à la saturation du marché local égyptien de la pomme de terre, entraînant la baisse des prix sur place. En août 2020, les exportations de pommes de terre du pays d’Afrique du Nord avaient diminué de -25 %.
Au Kenya, les coûts directs et indirects ont entraîné une augmentation des importations de « chips » en provenance d’Égypte et de Tanzanie, qui sont parfois moins chères que les produits locaux. La région d’Afrique de l’Est a également cherché à protéger sa production nationale de l’afflux de pommes de terre moins chères. Lors de la lecture du budget 2021/2022, le gouvernement kényan avait annoncé l’instauration pendant un an d’une taxe à l’import de 30 % sur les pommes de terre importées de l’extérieur du marché commun d’Afrique de l’Est.
Le boycott aura-t-il un véritable impact ?
Bien que l’on ne sache pas encore si les appels au boycott de la chaîne de restauration rapide entraîneront effectivement une baisse de la demande pour les aliments de KFC, la crise de relations publiques déclenchée par l’annonce de la pénurie et la découverte de l’origine des pommes de terres est susceptible de pousser la chaîne de restauration rapide et d’autres à s’approvisionner sur le marché local du Kenya.
« Cela ne nous dérange pas de respecter leurs normes », a déclaré début janvier aux quotidiens locaux Wachira Kaguongo, patron du Conseil national de la pomme de terre du Kenya. « Je pense que maintenant nous allons probablement avoir une réunion [avec KFC] ».
Selon Jacques Theunissen, patron de Kuku Foods, KFC Kenya a commencé à se réapprovisionner en frites importées dès le 2 janvier. Il affirme également que l’entreprise s’approvisionne localement pour bon nombre de ses intrants, tels que la volaille, les petits pains, les emballages et les légumes.
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