Maroc – Fouzi Lekjaâ : « Je suis en contact permanent avec Samuel Eto’o »
À l’occasion du coup d’envoi de la 33e Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui se déroule du 9 janvier au 6 février au Cameroun, Fouzi Lekjaâ, le président de la Fédération royale marocaine de football, a accepté de répondre aux questions de Jeune Afrique.
CAN : la fête du foot africain (enfin) célébrée au Cameroun
Reportée pour cause de Covid-19, la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations se tient au Cameroun du 9 janvier au 6 février 2022.
L’ouverture, hier, de la 33e édition de la CAN, a été précédée de plusieurs polémiques. Le nouveau président de la Fédération camerounaise de football, Samuel Eto’o, s’en est notamment pris aux clubs européens, en dénonçant leurs multiples tentatives de reporter la compétition.
Par ailleurs, la Fédération sénégalaise de football est en conflit ouvert avec le club anglais de Watford, qui refuse de laisser l’un de ses joueurs, Ismaïla Sarr, disputer le tournoi.
Enfin, la Confédération africaine de football (CAF) a connu une série de crises successives, qui ont abouti au départ de plusieurs de ses cadres, et à la suspension de deux de ses anciens présidents. L’un d’entre eux, l’emblématique Issa Hayatou, a même été condamné à 24,5 millions d’euros d’amende pour « abus de position dominante » dans l’octroi des droits de diffusion TV des compétitions africaines, et suspendu de toute activité liée au football jusqu’au 3 août 2022.
C’est dans ce contexte agité que le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) et membre du bureau exécutif de la Fifa, Fouzi Lekjaâ, également ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances du royaume, a accepté de répondre aux questions de JA.
Depuis octobre, vous êtes ministre du Budget. C’est votre premier portefeuille ministériel. Avec votre activité de président de la fédération, on imagine vos journées bien chargées… Comment se déroule cette transition dans votre vie professionnelle ?
Mes journées étaient déjà bien chargées avant, mais c’est vrai qu’elles le sont maintenant encore un peu plus. En tant que manager, il faut s’adapter aux nouvelles situations, déléguer davantage, et mettre en place des structures parallèles pour trouver le bon équilibre dans l’exercice de ces multiples fonctions.
Ces dernières années, le Maroc a étendu son influence dans le monde du football, en particulier à l’échelle du continent. Quel rôle entend jouer le royaume dans les années à venir dans le développement du football africain ?
Le Maroc a retrouvé la place qu’il occupait au sein du football africain, dont il est l’une des grandes nations. Son absence était injustifiée et n’avait pas de sens.
Nous avons retrouvé cette position à la suite du congrès d’Addis-Abeba, en 2017. Nous l’avons ensuite consolidée au sein du Comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF), puis au conseil de la Fifa.
Le Maroc participe désormais activement et de manière continue au développement du football africain et mondial.
Nous avons mené toute une série d’actions avec plusieurs fédérations. Ces dernières années, le Maroc a été l’un des acteurs principaux des moments forts qu’a connus le football africain. Prenez les dernières phases éliminatoires de la Coupe du monde 2022, par exemple. Nous avons accueilli plus de 25 matchs en mobilisant tous nos stades pour recevoir nos frères de différentes nationalités.
Le Maroc a été exemplaire en matière de coopération et participe à des initiatives réelles, dans des circonstances difficiles liées à la pandémie.
Au-delà du football, cette vision s’inscrit dans la politique voulue par le roi visant à mettre en œuvre le Nouveau Modèle de développement axé sur un partenariat Sud-Sud.
Plusieurs clubs européens ont fait pression, sans succès, auprès de la Fifa pour obtenir le report de la CAN, afin de ne pas avoir à libérer leurs joueurs. Plusieurs personnalités, dont Samuel Eto’o et Didier Drogba, ont vivement critiqué ce procédé. Votre nom a émergé dans ce débat, et vous avez été présenté comme favorable à ce report. Qu’en est-il au juste ?
Ce n’est absolument pas le cas. Il s’agit de rumeurs sans fondement ni logique. Lors de l’assemblée générale de la CAF, au Caire, nous avons validé à l’unanimité le démarrage de la CAN à partir du 9 janvier. Le Cameroun devait accueillir cette édition il y a deux ans, mais il a eu besoin de temps pour être fin prêt. J’avais fait une déclaration pour dire que le royaume mettait tous les moyens en œuvre pour aider le Cameroun à organiser la compétition.
Lorsque le variant Omicron a commencé à circuler activement, le président de la CAF, Monsieur Mostepe, a invité les membres du Comité exécutif à une réunion dont l’ordre du jour était exclusivement consacré à la CAN dans le contexte sanitaire. À l’issue de cette réunion, j’ai moi-même félicité le Cameroun pour les efforts d’adaptation qu’il a fournis. Nous avons toujours été à ses côtés et réciproquement.
D’ailleurs, je suis en contact continu et permanent avec le nouveau président de la Fédération camerounaise de football, Samuel Eto’o. L’équipe du Maroc est au Cameroun depuis le 2 janvier, ce qui en fait l’une des premières à être arrivées sur place. Enfin, je rappelle que la dernière fois que la CAN s’est déroulée au Cameroun, elle a été remportée par le Maroc.
Lors de la dernière Coupe arabe de la Fifa, le Maroc et l’Algérie se sont affrontés en quart de finale [match remporté par les Fennecs aux tirs aux buts]. Il y a eu entre joueurs et supporters des témoignages de fraternité, mais l’événement n’a pas échappé à la récupération politique. Le football est-il devenu l’otage des tensions politiques entre vous et votre voisin ?
Tout dépend de la maturité des États. Le royaume du Maroc a plus de douze siècles d’histoire, et nous sommes loin de ces logiques. Le football reste du football.
Le président de la Fédération algérienne et son coach, présents à Marrakech, ont été très clairs : le foot, c’est le foot
Bien avant ce match, l’équipe d’Algérie a affronté le Burkina Faso dans les meilleures conditions à Marrakech. Le président de la Fédération algérienne et son coach ont été très clairs : le foot, c’est le foot. Le reste, c’est de la politique.
Pour la coupe arabe, nous avons fait le choix de faire appel à des joueurs locaux. D’autres équipes ont préféré aligner l’équipe A. Les tirs aux buts, comme tout le monde le sait, relèvent du pur hasard. Cela a souri à l’équipe d’Algérie, félicitations à eux. Le plus important est que nous puissions pratiquer notre meilleur jeu et faire honneur au football africain.
La CAF a récemment connu plusieurs scandales, notamment sexuels au sein de la fédération gabonaise, qui ont nui à l’image du football africain. En tant que deuxième vice-président de l’institution, comment comptez-vous vous attaquer à ces problèmes et restaurer l’image du continent sur la scène internationale sportive ?
Je ne connais pas les détails de cette affaire, mais ma conviction est simple et claire : seuls le développement et la mise en place d’infrastructures, la promotion du football féminin, l’intégration des jeunes et la reconnaissance du foot comme vecteur d’inclusion sociale permettront au ballon rond africain de rayonner. Il faut un plan Marshall du développement des infrastructures.
La dernière CAN organisée au Maroc remonte à 1988. À quand la prochaine fois ?
Je ne sais pas, j’espère dans les plus brefs délais.
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